"Un sentiment domine lorsque j'entre enfin dans cette ville : la joie"


Ce matin je me réveille à 6h30. J'ai bien dormi malgré la géographie particulière de l'emplacement, qui tout comme la piste, a pris du dénivelé. J'ai du placer mon matelas d'une certaine manière afin de ne pas glisser au fond de la tente. Après un court instant d'adaptation, je me suis endormi d'une masse, fatigué de la très grosse journée d'hier. A mon levé je sors immédiatement de la tente et apprécie les conditions climatiques : il y a peu de vent et l'air n'est pas trop frais . Je me lave le visage puis recharge les batteries avec un bon bol de chocolat chaud blindé de flocons. Je replie tranquillement le campement en musique, et lorsque je termine, j'aperçois une chaleureuse lueur rouge colorer l'auvent de la tente. Je sors sans plus attendre et assiste à un incroyable levé de soleil, derrière les arbres de la forêt, doté d'extraordinaires couleurs. Je ne manque pas d'immortaliser cet instant avec mon téléphone avant de charger le vélo. Sans transition, j'attaque la dernière étape de la semaine.

Aujourd'hui, l'enjeu est de taille puisque je dois atteindre Saarbrücken et par la même occasion, mon auberge. J'ai hâte de me reposer après avoir affronté les nombreuses difficultés de l'EV5. C'est parti et je commence par redescendre de mon perchoir quand le compteur m'affiche une pente ahurissante de 17 %. J'appuie à fond sur les freins pour ne pas prendre de vitesse et tombe littéralement dans le village de Manderen. Pendant 20 minutes, je mouline sur du 6 % afin de rejoindre la suite de la piste se trouvant derrière la colline. C'est encore un échauffement de qualité qui conditionne à la perfection mes jambes. Une fois au sommet, je redescends légèrement puis arrive sur le tracé. Je fais face à un vaste paysage rempli de champs de cultures et d'éoliennes. Je progresse au pied de ces géants du vent en avançant pour la première fois depuis longtemps sur une route plate. La sensation est étrange étant donné que mes jambes sont maintenant habituées à mouliner sans arrêt. Je m'y fais vite et file sur la frontière avant de quitter la France pour rentrer définitivement en Allemagne. Je traverse alors son immense campagne verte composée de hameaux, de fermes et de petites forêts. J'atteins rapidement Mondorf puis entame une grande descente, au Sud de Merzig, dans laquelle je fuse à 45 km/h. Le vent se déchaîne et une fois en bas je suis complètement gelé. Heureusement, le soleil en profite pour apparaitre et me réchauffer. L'épisode "montagnes russes" du périple prend fin puisque je repique sur la Sarre. Cette rivière me mènera sans problème jusqu'à ma destination du jour.

Tout d'abord, j'évolue sur une piste faite de dalles successives où les transitions entre chaque parties ont subi le poids des années. Je ne prends donc aucun plaisir à les parcourir. Idéalement, la suite est en meilleur état et je retrouve un bon goudron lisse. Au niveau de Saarlouis des travaux m'empêchent d'aller plus loin et je dois faire un petit détour. Ce dernier est cependant correctement fléché, et 10 minutes plus tard, je longe à nouveau mon autoroute du jour. En parlant d'autoroute, depuis Merzig elle est adjacente à la piste et le bruit qu'elle engendre rend le parcours beaucoup moins agréable. Quelques portions s'écartent quand même des voitures et j'apprécie le retour du silence. Plus je me rapproche de Saarbrücken et plus je croise de monde sur la piste. Même si son profil est majoritairement plat, le vent de face me casse les jambes et j'appuie fort sur les pédales pour garder le rythme. Je passe Völklingen et ne suis plus qu'à une quinzaine de km de l'arrivée quand je subis un petit coup de mou. Je m'arrête un court instant, allume l'enceinte pour me remotiver puis fais drastiquement baisser le kilométrage des panneaux d'indications. Vers 12h je donne les derniers coups de pédale et atteins enfin Saarbrücken.

Voici une étape de 64 km ficelée sans le moindre pépin : je suis content. Maintenant, place au repos divin après cette semaine de vélo extrêmement chargée. Je roule jusqu'au centre-ville et cherche un coin tranquille pour me restaurer. Au hasard d'un détour je déniche une petite trattoria aménagée d'une belle terrasse chauffée. Je suis en Allemagne et je mange italien : ça nous convient ma logique et moi. Je ne perds pas une minute et commence dès à présent mon repos. Mon estomac prend du service devant une jolie salade italienne, une pizza Maradona, un tiramisu et un café. Je mange super bien en savourant l'arrivée comme il se doit. Passé 15h je remonte en selle et file à l'auberge située seulement à 1,5 km. Je pratique mon anglais pour demander plusieurs informations pratiques puis monte dans la chambre. Pour une fois je ne me retrouve pas tout seul puisque j'ai un colocataire. Tim m'aide gentiment à monter mes sacoches et je range le vélo au local. Je m'installe calmement, enchaîne par une super douche et me pause un grand moment dans la chambre. Je n'ai plus un seul vêtement propre et à 18h je marche jusqu'à la laverie automatique. Pas facile de décoder l'allemand mais avec un peu de jugeote je me débrouille. Pendant que la machine tourne je mets à jour le blog et écris le récit. Une fois les vêtements secs je reviens à l'auberge les plier sur mon lit. Le soir, je commande un bon burger avec des frites. Je ne me couche pas trop tard afin de bien récupérer. Le sommeil reste sans aucun doute le meilleur des repos.

Demain, je ferai tranquillement mes activités et ne sais même pas si j'irai visiter la ville. Ma forme du moment décidera de cela :)