"Finalement, avoir trop chaud c'est cool"


Comme hier matin, je me réveille à 6h30. J'ai bien dormi au chaud dans mon duvet. Lorsque j'ouvre la tente, le parc flotte dans un épais brouillard où l'on ne voit pas à 10 mètres. Autant vous dire que je suis très content de boire mon chocolat chaud avec mes flocons d'avoine. Ça me réchauffe et me donne l'énergie nécessaire pour la matinée. Je plie le campement en musique et vais prendre de l'eau au sanitaire. Ensuite, je dis mentalement au revoir aux moines et les remercie pour ce superbe bout de terrain.

Un élément est en forme ce matin : le froid ! Il saisit mes muscles et les laisse de marbre. Je dois redoubler d'efforts pour ne pas me laisser submerger par la brume, encore plus dense le long du canal. Cette dernière est chargée en fines gouttelettes d'eau et même avec mes gants chauds j'ai les doigts gelés. Je suis content d'avoir enfilé mon t-shirt près du corps et mon coupe-vent avant même de rouler. Je mouline beaucoup pour chauffer mes jambes et récupérer du gros effort de la veille. Rapidement, je passe Rohan et continue mon chemin en direction de Pontivy. Une longue phase montante débute où pas moins d'une trentaine d'écluses se suivent les unes après les autres. Il y en a littéralement tous les 20 mètres. Ces dernières sont primordiales pour compenser le dénivelé du terrain et ainsi ajuster le niveau de l'eau. Le brouillard se lève enfin à 9h00 et je reçois avec grand plaisir quelques rayons chauds du soleil. Je suis reboosté et n'ai plus froid aux mains. La piste continue mais cette fois en longue phase descendante : je file à 30 km/h. Il est 10h quand j'atteins Pontivy par ses jolis ponts fleuris qui enchantent le paysage.

Je me dirige immédiatement sur la place de l'église et suis agréablement surpris de voir Thomas attablé en terrasse, avec qui j'avais bivouaqué il y a deux jours. Je discute plus longuement avec lui en prenant le café. Parti de Nantes en début de semaine, il suit le canal à vélo jusqu'à Brest. Il tient un rythme soutenu et parcourt plus de 80 km par jour. Nous enchaînons sur nos divers projets professionnels et personnels quand le soleil se joint à nous en donnant un peu de sa divine lumière : cette halte est très appréciable. Thomas repars et je me plonge alors dans l'écriture des aventures. Je reste encore longtemps en terrasse et remonte en selle à 12h. C'est compliqué d'enchaîner après une si longue pause et je commence à avoir faim. Je me stoppe donc à une calme écluse pour manger. La sieste me requinque bien et je reprends du service après avoir écris le périple.

Comme d'habitude, les écluses se suivent et mon vélo plus ses kilos les traversent. La piste, en moins bon état cette après-midi, laisse entrevoir quelques trous. Je passe doucement sur les portions compliquées puis retombe sur de la bonne gravette. À 14h, je suis tout près du village Mûr de Bretagne. J'ai pour idée de me ravitailler en fruits et pain au village. Cela aurait été très facile si une côte à 10 % sur plus d'un km ne m'avait pas ralenti. Une fois en haut, je bifurque en direction du village et achète mes provisions ainsi que de quoi faire l'apéro ce soir. Je reviens ensuite sur mes pas et poursuis l'itinéraire en passant dans un chemin boisé au dénivelé croissant. Je commence à avoir l'impression d'être en montagne et cela se confirme quand j'entends les cloches des vaches d'élevage sonnées. Même les maisons, jusque là typique de Bretagne, sont recouvertes de grands toits à la manière des chalets. Je ne me doutais pas qu'il y avait autant de dénivelé au milieu de la Bretagne. Peu importe, je continue et quitte la piste pour rejoindre les rives du lac de Guerlédan. Avec ses 12 km de long, c'est la plus importante retenue d'eau de Bretagne et je ne voudrai pas manquer l'occasion de m'y baigner.

Une fois sur place, je trouve une grande aire de pique-nique parfaite pour passer la nuit. J'ai une superbe vue sur le lac qui remplit toute la vallée. Je fais sécher les équipements, monte le camp et vais piquer une tête dans l'eau bien fraîche. Ça me fait un bien fou après les 63 km du jour. Je cuisine ensuite de bonnes spaghettis à la bolognaise et enchaîne sur mes activités du soir. Le vent très froid m'oblige à écourter la soirée et rapidement me blottir au chaud dans mon duvet. Je me prépare ainsi à passer une bonne nuit de sommeil.

Demain, j'atteindrai sans aucun doute Carhaix Plouguer et ne serai plus qu'à une journée de la fin de ma route sur la Vélodyssée :)