"J'ai trouvé mieux que tenir un bar : une écluse perdue au milieu de la Bretagne qui propose hébergement, restauration et massage"


Doucement, je me réveille à 6h30 ce matin. J'ai bien dormi mais me sens un peu barbouillé en ayant légèrement mal à la tête. Je ne ressens aucunes douleurs physiques particulières et pense que j'ai mal digéré un aliment. La bière d'hier soir cumulée à la fatigue du voyage peut être la cause de ce mal. Je prends donc un doliprane en même temps que mon chocolat chaud : j'espère qu'il fera vite effet. La tente et la bâche, comme à leurs habitudes, sont trempées. Je plie les affaires tranquillement et m'habille chaudement pour la matinée : j'enfile pour la première fois mon t-shirt à manches longues près du corps. Pas question d'avoir froid en roulant ! Une fois tout empaqueté sur le vélo j'effectue un petit arrêt stratégique au sanitaire. Je ne vous fais pas un dessin mais lorsque je sors des toilettes, je me sens plus léger. Je débute ensuite mon étape par une côte à 5 % : voilà une bonne mise en jambe et je suis maintenant prêt à enchaîner les écluses.

Tout d'abord, je roule sur un chemin de forêt assez agréable, avant de redescendre au niveau de l'abbaye de Bon-Repos. Le canal coule au milieu des terres et il ne manque que des montagnes pour se croire à 2000 mètres d'altitude. La piste est en légère gravette et j'avance convenablement autour des 20 km/h. Seul le vent m'embête car il gèle mes doigts. Je m'arrête de temps à autre pour les réchauffer et regarder où j'en suis. Je fais cap sur la ville de Rostrenen ce matin. Après un petit passage en travaux, je croise deux cyclos qui m'indiquent une superbe écluse 10 km plus loin, où ils ont passé la nuit : elle sera parfaite pour ma pause du matin. Je m'y rends immédiatement et constate que les lieux sont charmants : des tables, des chaises et des canapés sont disposés au bord de l'eau pour le plus grand plaisir des cyclos. L'écluse porte le nom rigolo de "Chambres et Rustines", à l'image de sa gérante très accueillante. Elle me propose une part de phare breton et je bois un grand café. Je déguste tout cela dans le canapé avec les rayons chauds du soleil : c'est un repos divin et je trouve cette écluse fantastique ! J'aimerai en croiser plus souvent des comme ça. Je discute un moment avec la gérante et d'autres cyclos avant de remonter sur ma machine.

Je roule alors en direction de Carhaix-Plouguer qui sera certainement ma destination finale pour aujourd'hui. Le chemin sur lequel je progresse est un peu plus technique mais j'ai l'habitude et déjoue tous les pièges tendus par la piste. Il est 12h quand j'arrive à une très calme écluse où des bancs et de l'herbe sont idéals pour un bon repos. Je mange mes sandwichs puis fais une agréable sieste avant d'écrire les aventures sur le carnet. L'endroit est vraiment adéquate pour se laisser aller à ce genre d'occupation et je prends mon temps. Je repars bien reposé et parcours une longue portion descendante. Pendant une vingtaine de minutes je fuse entre 26 et 30 km/h. La gravette défile à folle allure sous mes roues et les écluses s'enchaînent sans même que j'ai le temps de lire leurs noms parfois compliqués. Le soleil m'aide dans cette épopée et me réchauffe quand les arbres ne lui font pas d'ombre. Je crois être tranquille et rouler à ce rythme jusqu'à la bifurque pour Carhaix. Il n'en est rien quand un vieux goudron tout bosselé en finit avec mon plaisir de conduite et je suis obligé de ralentir pour ne pas avoir trop mal aux fesses. Au bout d'une grosse heure de pédalage j'atteins la bifurque moyennement indiquée.

Ca y est, je dis au revoir au canal pour rejoindre l'ancienne voie de chemin de fer aménagée en voie verte. Ça aura été un réel plaisir de suivre cette itinéraire, riche en paysage, calme et rencontres, pour traverser la Bretagne. La voie verte commence par une longue côte à 3 %. Heureusement que mes cuisses ont maintenant l'habitude de ce type d'effort. Je passe sans difficulté les premiers dénivelés et atteins l'entrée de Carhaix. Je fais un petit détour pour acheter une bouteille de gaz pour mon réchaud puis reviens au centre-ville. À ce moment précis je remarque que mon pneu arrière est dégonflé. Mince ! La chambre ne tient peut être plus la pression. Je peux encore rouler mais je suis très prudent et surveille de près le pneu. Il est déjà 16h et j'ai 63 km au compteur. Compte tenu du fait que je dois encore faire sécher les équipements, je décide sagement de passer la nuit au camping. J'y trouve de l'espace, du calme et un bon repos. Je prends une super douche après avoir monté le camp. Le soir je mange une bonne assiette de riz à la tomate et vais boire un thé aux agrumes au snack du camping. Il y a de la musique douce, quelques personnes qui dînent et des lumières tamisées. L'endroit est idéal pour se détendre un moment avant d'aller dormir.

Demain sera un grand jour car je terminerai la Vélodyssée : j'ai hâte ! Au vu du peu de km qu'il me reste à parcourir, j'envisage une journée marquée sous le signe de la tranquillité :)