"C'est maintenant officiel : je suis à la moitié de mon Tour de France à vélo"


Je me lève à 7h30 ce matin. Je suis plus tranquille sur les horaires étant donné qu'il me reste une courte distance à parcourir jusqu'à Morlaix. C'est l'aube d'une journée très importante car dans les heures qui vont suivre, j'en finirai avec Vélodyssée ! J'ai déjà hâte d'être sur le vélo, mais chaque chose en son temps. Je commence par une petite toilette au sanitaire du camping avant de manger un bon petit-déjeuner. La tente est trempée par l'humidité de la zone et même si je dors sous un toit ce soir, je devrai la faire sécher au soleil cette après-midi. Je replie les affaires en écoutant "Metaphorical Music" de Nujabes. Ce chef-d'œuvre musical est parfait pour débuter la journée tout en douceur. Je regarde un instant le vélo et constate que le pneu arrière n'est pas dégonflé : pas de démontage de roue en prévision. Sur cette bonne nouvelle je charge ma monture et décolle à 9h15 du camping.

Comme hier ce début d'étape est musclé et je reviens dans Carhaix via une côte à 5 %. Je ne poursuis pas plus loin en ville et bifurque sur une départementale pour rejoindre la voie verte. Au bout de 4 km avec les voitures j'atteins enfin la suite du tracé et me retrouve au beau milieu de la forêt. La fraîcheur et le calme de la zone sont appréciables et je pédale à un bon rythme. Je suis obligé de beaucoup mouliner car le chemin monte légèrement. Au niveau du village de Poullaouen, j'entame une courte partie descendante avant de revenir sur du faux plat montant à environ 2 %. Ça dure comme ça pendant 20 km : quelle drôle d'étape. Au début, j'avance convenablement en tenant une cadence de pédalage assez soutenue. Après plus d'une heure de montée, je commence à en avoir "ras les pédales" et rêve déjà de descentes. Morlaix est sur une montagne, ce n'est pas possible autrement.

Aujourd'hui ce ne sont pas les écluses qui défilent mais les gares désaffectées qui donnent un petit côté western au parcours. Quelques tables de pique-nique sont disposées devant ces vieux édifices et des cyclos prennent le temps de s'y relaxer. Moi, je ne m'y arrête pas pour ne pas me couper mon effort. À un moment j'y suis pourtant contraint par le passage d'un convoi assez improbable : 3 roulottes tirées par des chevaux progressent au milieu de la forêt en prenant toute la largeur du chemin. Une fois la route dégagée, je reprends la montée. Mon rêve de "rouler en descente" est exaucé vers 11h15 et je n'y vais pas de "roue molle". Trop impatient, je fonce à travers les bois à plus de 30 km/h. Rien ne m'arrête, pas même les vélos parfois au milieu de ma route. Je leur fais de grands signes pour qu'ils prennent conscience qu'une fusée vient de décoller. Je fonce sur Morlaix et parcours les 15 derniers km en descente. Cette étape aura été une vraie montagne.

Lorsque je passe devant le panneau "Morlaix" je suis rempli d'une grande joie : ça y est, j'ai fini la Vélodyssée ! Parti de Bayonne, j'aurai mis 3 semaines à un très bon rythme de pédalage : je suis content de moi. Au fil des jours je serai monté en puissance depuis mes débuts sur la ViaRhôna. Le repos est maintenant à portée de bras ! Je trouve un super parc sur les hauteurs de la ville pour faire sécher la tente et manger calmement. De là, j'ai une belle vue sur les nombreuses maisons et le viaduc surdimensionné de Morlaix. Après une longue pause je redescends par d'étroites ruelles et file poser le vélo à l'auberge. Il est 16h et ma chambre n'est disponible qu'à partir de 18h. Je retourne donc au centre pour profiter du soleil en terrasse. Je bois deux rafraîchissantes bières et savoure la fin de l'étape. Je reviens ensuite à l'auberge et rentre dans ma chambre : elle est spacieuse et comme je suis seul à coucher j'ai un peu l'impression d'avoir loué un appartement : je sens que je vais être bien. Je prends une agréable douche et me prépare à sortir car ce soir, j'ai réservé dans une crêperie bretonne.

Je me rends sur les lieux et m'installe à ma petite table. Le repas est si bon que je mange deux crêpes salées au blé noir et une sucrée au froment. J'accompagne le tout d'une excellente bolée de cidre doux. C'était fameux et je marche doucement jusqu'à l'auberge en pensant à la bonne nuit de sommeil qui m'attend.

Demain c'est repos. Je m'équiperai en affaires chaudes pour le Nord puis je profiterai de Morlaix et son superbe viaduc :)