"À fond dans le voyage, j'ai oublié un jour à ma semaine de vélo. Ça m'a fait tout drôle quand je devais rouler 200 km en 2 jours"


Ce matin, je me lève tôt à 6h30. Je reprends un rythme assez matinal afin de pouvoir profiter le plus possible des journées qui raccourcissent au fil du temps. Bientôt, je n'aurai plus le loisir de me laisser aller à certaines activités. J'ai bien dormi au chaud dans mon duvet. Lorsque j'ouvre la tente, une légère bruine tombe. Elle est heureusement trop fine pour mouiller mes équipements. J'ajuste le dosage de mon chocolat chaud en rajoutant 2 cuillères de plus de lait en poudre. Le résultat est presque parfait et je retrouve des saveurs que j'aime tant déguster de bonne heure. Je mange mes flocons avec des gâteaux au miel et au chocolat que je fais fondre dans le lait chaud : c'est excellent. Je suis d'attaque pour la matinée et plie les bagages.

À 8h15 je décolle en direction de Malestroit. Lorsque je roule, la bruine s'intensifie et je me vêts instantanément de mon coupe-vent pour ne pas être mouillé. Je passe par l'île aux Pies et aperçois quelques jolis oiseaux volants dans les airs. L'état de la piste alterne entre deux phases : de la fine gravette légèrement sablonnée et des gros graviers gris et noirs. J'avance convenablement et chauffe mes jambes pendant 45 minutes. Passé St Martin sur Oust, je progresse sur une piste goudronnée de couleur rouge foncé et je monte les rapports pour atteindre des vitesses de 26 km/h. C'est une matinée expéditive car j'atteins les abords de Malestroit à seulement 9h45. Je rentre dans le village en quête d'un petit repos bien mérité après ces 30 km sous la bruine. La charmante place de l'église, remarquablement fleurie, se profile alors devant moi. Le marché et les cafés animent l'espace et je m'assieds à l'un d'entre eux pour m'imprégner de l'ambiance. Les gens discutent en rigolant et en buvant des boissons chaudes tandis que les marchands ventent leurs produits à haute voix. Moi, j'écris calmement les aventures et réserve une auberge pour Morlaix. Je repars à 11h15 et reprends aussitôt le canal.

La piste est toujours aussi cool et je me permets de rouler un peu plus fort : j'avance entre 26 et 28 km/h. Je croise quelques bateaux en balade et pas mal de cyclos. Le temps, lui, n'a pas changé et le soleil peine à se montrer. Ses rayons chauffent quand même l'atmosphère et j'enlève mon coupe-vent. Je passe par de jolies écluses fleuries et entends un souffle d'air sur ma roue arrière. Mince, je crois que j'ai crevé. Je me stoppe pour vérifier et ne constate aucune brèche. Le liquide dans chambre a du colmater la fuite car mon pneu est toujours aussi gonflé. Plus de peur que de mal, je repars doucement et trouve quelques mètres plus loin un coin idéal pour manger et me reposer. Le canal est très bien aménagé et regorge de ce type d'endroits. C'est vraiment un plaisir de le suivre en traversant la Bretagne. Après 49 km ce matin la sieste est justifiée et appréciée. Je prévois d'en faire moins cette aprèm et d'atteindre les alentours de Rohan. J'espère y trouver un emplacement adéquate pour passer la nuit. Je repars à 13h15 après m'être étiré et retrouve les eaux du canal.

J'arrive rapidement à Josselin et aperçois son beau château. Du haut de ses immenses tours il domine la ville : je me sens vraiment tout petit à côté de ce géant de pierre. Je prends quelques photos et repars. Pendant une quinzaine de km, j'enchaîne les charmantes écluses toutes aussi bien fleuries les unes que les autres. C'est agréable de passer au milieu de ces petites haltes et je ralentis pour apprécier le spectacle de couleur. La piste n'est pas mal non plus mais quelques accros font sauter deux de mes sacoches. Je m'arrête pour les remettre en place quand le soleil décide enfin d'apparaître : il est 14h. Je passe ensuite le cap des 70 km et commence à fatiguer : je n'irai pas plus loin que Rohan aujourd'hui. J'active alors mon radar à "coins pour camper" et ne trouve dans un premier temps rien d'incroyable. Les bords du canal sont maintenant trop en végétation et incompatibles avec du camping sauvage. Je discute un moment avec deux cyclos, originaires du Finistère, qui montent voir l'abbaye de Timadeuc. Je regarde sur mon guide et constate qu'elle est sur ma route. Je leur demande s'il y a de quoi camper et la dame me répond qu'il y a un grand parc avec des bancs. Je ne perds pas une seconde et file à l'abbaye vérifier ses dires.

Ils sont on ne peut plus vrais et le parc est si grand qu'il y a largement de la place pour tout une colonie de campeurs. Ça sera parfait pour passer la nuit et il me manque seulement de quoi remplir mes gourdes. Je retourne à l'entrée du site et trouve un beau sanitaire. Cette fois, il n'y a pas de douche, mais ce n'est pas ça qui m'arrête. Je prends donc une bonne douche au robinet, en exerçant mes talents d'acrobate, et bois abondamment. Quel lieu merveilleux ! Je me rends à la petite boutique des moines et achète des sablés bretons : ça me fera mon goûter. Je reviens ensuite dans le parc et installe calmement mon campement. Une fois terminé je me pose sur un banc pour revoir mon itinéraire. C'est bien ce qu'il me semblait : je me suis planté dans le nombre de jours de vélo jusqu'à Morlaix et en ai oublié un. C'est en partie pour ça que j'ai autant roulé aujourd'hui en réalisant une étape de 80 km. La distance qu'il me reste à parcourir est encore trop grande pour arriver samedi et je n'ai aucune envie de me presser. Ça ne fait rien ! Je décale l'auberge d'une journée et me repose dans le parc. Les oiseaux chantent et le ciel se met au bleu : c'est parfait. J'écris ensuite le périple avant de préparer un bon repas. La semoule à la bolognaise est fameuse et me remplit le ventre après cette grosse journée de vélo. Inutile de mentionner le fait que je m'adonne à mon rituel du soir avant de me coucher. La nuit va être bonne, je le sens.

Demain, je passerai Pontivy et espère me baigner dans le grand lac de Guerlédan :)