"À ma plus grande tristesse, je découvre aujourd'hui que l'expression 'jamais deux sans trois' s'applique aussi aux crevaisons"


Ce matin c'est la reprise du lever en camp sauvage. Je sors rapidement du duvet à 6h30 et fais face à la brume, au froid et à l'obscurité du jour encore endormi. Vive l'automne et sa fraîcheur matinale ! Je me lave le visage, cette fois à l'eau froide, et prépare mon petit-déjeuner. C'est avec joie que je déguste mon bol de chocolat chaud aux flocons d'avoine dans lequel je fais fondre des gâteaux et des bouts de pomme. C'est fameux et me voilà paré pour finir la semaine de vélo. Aujourd'hui destination Bruxelles ! Je plie calmement le campement et décolle à 8h30 de mon emplacement.

Je reprends les eaux dormantes du canal qui m'emmènent hors de la ville. J'arrive immédiatement en pleine campagne et assiste à une scène magique. Les vastes plaines et bêtes sauvages sont là, en paix, au milieu de l'épaisse brume blanche que le soleil sublime par ses rayons jaune. Malgré le froid qu'il fait je m'arrête pour immortaliser l'instant avec mon téléphone. Ce fabuleux paysage récompense déjà mon réveil de bonne heure. Un peu plus haut sur ma route je bifurque au Sud-Est et vais droit sur les difficultés de l'étape. Pour commencer je constate que les panneaux d'indication de l'EV5 ont disparus et je dois m'en remettre à mon fidèle tracé gpx afin de ne pas me perdre. Ensuite, la piste s'enfonce dans la campagne qui est parsemée de vallons à n'en plus finir. De vieux souvenirs bretons et normands refont surface et je tiens le choc face à une succession de côtes entre 6 et 10 %. Comme si ce n'était pas suffisant, le tracé me met une nouvelle fois à l'épreuve dans une côte à 10 %... en pavés ! Vais-je arriver en haut ? Les premiers mètres sont déterminants et je prends d'entrée un bon rythme qui me conduit au sommet. Je suis quand même vachement essoufflé mais fier d'avoir franchi ce nouvel obstacle.

Hormis le profil exigeant de l'étape, j'apprécie les alentours où silence et tranquillité règnent en maître. Les fermes et petits hameaux s'enchaînent au fil des km et j'avance à bonne allure ce qui me permet de lutter efficacement contre le froid. Je fais une mini pause avant Leerbeek puis débarque sur une nationale. La suite se déroule en ligne droite jusqu'à Halle sur une voie cyclable bien entretenue le long de la route. Arrivé en ville je me stoppe quelques minutes devant la superbe cathédrale et entame ma remontée vers la capitale. La fin du parcours est aussi en ligne droite le long du canal Charleroi-Bruxelles. Je roule fort à 28 km/h sur les berges et fonds sur ma destination. Une fois de plus, la maintenant très célèbre crevaison à l'arrière me retarde. Elle ne suffit cependant pas à me stopper et je répare en quatrième vitesse avant de repartir. Je regarderai plus tard, à tête reposé, ce que je peux faire contre ces maudites crevaisons. À 12h15 j'entre dans Bruxelles et file directement sur sa magnifique Grande-Place. Comme son nom, je prends place à la brasserie et déguste de bon mets en récompense de la semaine de vélo. En même temps, j'en profite pour écrire les aventures, mettre à jour le blog et me reposer.

À 15h15 je me rends chez Michael, un shower, qui a gentiment accepté de garder mon vélo dans son appartement durant l'après-midi. Cette astuce m'évite ainsi de devoir le trimbaler en pleine ville. Je file à pied faire mon ravitaillement en passant sous terre grâce au métro. Cependant, je marque un temps d'arrêt au moment de choisir ma direction : le plan affiche un nombre impressionnant de lignes de tram, bus, métro et train. Je prends finalement la bonne voie et arrive au magasin. Grâce aux différents showers de cette semaine, je n'ai quasiment pas touché mes réserves de nourriture. J'achète donc peu de choses et rentre vite charger mes sacoches chez Michael. Nous prenons le café en discutant de vélo et il se montre intéressé par mon voyage. Mon anglais, encore au stade 1, me permet de lui expliquer certains aspects du périple. Je le quitte à 18h en le remerciant puis vais faire sécher ma tente dans un parc. Le résultat n'est pas fameux car il n'y a pas assez de vent et je la sécherai mieux en temps voulu. La nuit tombe et je roule jusqu'à mon "vrai" shower situé à Schaerbeek, un quartier au Nord de Bruxelles. Wouter m'accueille chaleureusement et m'aide à grimper les 3 étages jusqu'à l'appartement. Je fais alors la connaissance de Margot et Peter, les 2 autres résidents.

Nous discutons tout de suite de vélo et mon anglais passe au stade 2 : je m'améliore et quelques petits mot de français subtilement placés agrémentent mes propos. J'enlève enfin mes vêtements de cycliste puis nous dînons ensemble une excellente quiche maison. Le repas est cool et je les questionne plus amplement sur leur activité à Bruxelles. Je vais ensuite me doucher et fais mon saint rituel après cette longue journée. Mine de rien, la route vallonnée de la matinée, la crevaison avant d'arriver et la distance parcourue en ville au milieu de la circulation, m'ont fatigué. J'écris quand même les aventures sur le carnet et publie l'article de la veille avant de me coucher.

C'est maintenant certain, le repos de demain tombera à point nommé. Je vais pouvoir recharger mes batteries tout en prenant du bon temps ici à Bruxelles.