"Avancer restera ma principale motivation"


Ce matin, je me réveille à 7h00 après une bonne nuit de sommeil. Je me lave le visage, m'habille puis descends petit-déjeuner. Patrick a préparé une très belle table remplie d'aliments de choix : lait, café, céréales, pain, pâte de spéculoos, œuf à la coque et pamplemousse. Autant vous dire qu'une fois ce festin fini, je suis reboosté à bloc ! Je remonte avec entrain dans ma chambre plier les affaires avant de les entreposer au rez-de-chaussée. C'est maintenant l'heure du changement des 2 pneus du vélo, qui après plus de 4000 bornes commencent à montrer des signes de fatigue.

Tout d'abord, nous changeons celui à l'avant et en seulement dix minutes le tour est joué. En revanche c'est une autre paire de manches pour l'arrière... Etant donné que c'est un pneu neuf, il est difficilement étirable et coince pour rentrer dans la jante. Pendant près de 30 minutes nous forçons dessus mais rien n'y fait. Au vu de la difficulté Patrick a la brillante idée d'utiliser du silicone pour faciliter son insertion. Finalement, nous y arrivons en le faisant glisser petit bout par petit bout, mais gare au fameux proverbe "il ne faut pas crier victoire trop tôt". Lors du gonflage l'air fuit et nous avons surement du pincer la chambre durant les manipulations. C'est donc avec dépit que nous répétons l'opération jusqu'à l'obtention d'un montage correct du pneu. Nous terminons à 10h30 cet épuisant exercice et prenons un instant de répit autour d'une part de gâteau au riz. Les crevaisons à répétition devraient maintenant battre en retraite et me permettre d'avancer sereinement. Une fois le vélo chargé, nous quittons Wavreille sous un ciel voilé et faisons cap sur Marche en Famenne. Passé ces intenses réparations, chaque coup de pédale agit comme antidépresseur et je retrouve peu à peu mon calme. Patrick me guide à travers la région et nous discutons tranquillement une dernière fois avant de nous quitter à l'entrée de la ville. Je ne le remercierai jamais assez pour ce séjour d'une tout autre dimension. C'est donc avec nostalgie que je roule vers de nouveaux horizons, seul sur mon vélo.

Je traverse la campagne wallonne en direction d'Hotton à un bon rythme de pédalage. Comme d'habitude les jambes suivent et m'indiquent que tous les voyants sont au vert. La piste, très bien indiquée, bifurque plein Sud à Hotton vers Roche en Ardenne. Elle se montre alors plus technique en alternant des courtes montées-descentes à fort pourcentage. Je mouline davantage et garde une cadence adéquate pour ne pas peiner. J'apprécie le tracé qui passe en pleine nature au pied des montagnes. Un peu plus loin je franchis une belle passerelle puis enchaîne sur un bout de départementale. Le puissant vent de face m'oblige à constamment pédaler pour maintenir une bonne vitesse. À 13h30 j'arrive à la Roche et conclus une grosse matinée de 48 km. En plein cœur du village je trouve un paisible pub pour me restaurer et écrire les aventures. La suite du trajet s'annonce cool avec une redescente sur le village de St Ode, où un nouveau shower sauvage m'attend. Je repars à 14h30 dans le frais de l'automne. Heureusement, je me réchauffe vite en entamant un long faux plat montant en bord de forêt. Au bout d'une dizaine de minutes je me retrouve coupé de toute civilisation, en pleine forêt, et évacue tout type de stress. La piste, bien fléchée et revêtue, joue pour une fois dans mon camp et je prends un excellent rythme de pédalage. Il reste encore de la route jusqu'à St Ode et je voudrais monter le camp avant la nuit. Je me chauffe progressivement et opte, cette aprèm, pour le maillot à pois.

Ce n'est pas le retour de la Fus-Go mais au vu des montées que je parcours, c'est sans aucun doute celui de Bingo des bois ! À une allure effrénée je passe successivement les villages de Mièrchamps, Belle-Vue, Wyompont, Ortheuville, et Lavacherie. J'enchaîne les vallons sans même prendre le temps d'apprécier le paysage. De ce que je me rappelle, il y a des champs à perte de vue. St Ode n'est maintenant plus très loin et je dépasse la barre des 75 km avant d'atteindre le village. Il est 15h50 mais l'étape n'est pas encore terminée. Sans plus attendre je fais cap sur le shower situé quelques km au Sud. Au cours d'un ultime effort je donne mes derniers coups de pédale en côte à 8 % puis sur un chemin caillouteux et mets fin à l'une des journées les plus physiques du périple. Enfin, à 16h45, je crie victoire en arrivant chez Sarah. Sa maison perdue au milieu de la nature respire le calme et les alentours sont superbes. Son papa m'accueille gentiment en me montrant le terrain sur lequel m'installer. Je monte le camp à côté de la petite caravane et éteins le compteur qui affiche 82 km : quelle étape ! Tranquillement, je range les affaires et écris un moment. Le papa de Sarah revient m'apporter le luxe en personne : j'ai le droit à une chaise et un magnifique brasero. Je savoure alors mon repos en me réchauffant près du feu avec un panorama unique. Je mange ensuite un super repas à base de tomate, quinoa, bouillon et fromage puis file me doucher. Elle toujours aussi relaxante après tant de km et j'enchaîne par mon rituel une fois sec. Le soir, j'écris un long moment sur le carnet de voyage, publie l'article de la veille et me couche tôt afin d'être en forme pour la suite de la semaine.

Demain, je quitterai la Belgique pour un nouveau pays : le Luxembourg. Étant donné que je navigue au shower, je ne sais pas encore jusqu'où je roulerai :)