"Il fait gris, il fait froid, il fait humide, il bruine sans arrêt et on ne voit rien à dix mètres à la ronde : bienvenue dans le monde merveilleux du brouillard !"


Ce matin, je me lève à 7h00 et ai assez bien dormi. Je me suis seulement réveillé à 3h00 avant de refermer l'œil. Je me sens suffisamment reposé et c'est important au vu des efforts produits hier. Lorsque j'ouvre la tente, un épais brouillard recouvre le camping : il fait très froid. Je vais tranquillement dans mes sanitaires privés afin de faire une bonne toilette à l'eau chaude. Qu'est ce que j'aime le camping hors-saison ! J'ai quand même dormi avec le jean et c'était nécessaire étant donné les températures de la nuit. Comme d'habitude, la tente et la bâche sont trempées. Je replie le campement doucement et pars à 9h00.

Je reviens au port du Collet et continue la Vélodyssée. Le brouillard obstrue complètement mon champ de vision, m'empêchant ainsi de correctement voir la route. Une légère bruine tombe et je me vêts de mon coupe-vent imperméable. Le fait de porter des lunettes ne me facilite pas le pilotage : des gouttes de pluie sont constamment sur mes verres et je dois utiliser mes doigts en tant qu'essuie-glace pour recouvrer la vue. La brume est si épaisse que j'aperçois à peine les cabanes de pêcheurs au pied de l'océan. Je traverse quelques marais salés et arrive à Moutiers en Retz. Le temps n'est vraiment pas folichon mais ce début d'étape détient quand même un point positif : habillé comme je suis, je n'ai pas froid. Les indications sont un peu hasardeuses dans le village et je me perds. Je retrouve mon chemin cinq minutes après et entame une côte à 5 %. Elle a au moins le mérite de me chauffer les cuisses pour me permettre de récupérer en douceur de l'effort de la journée d'hier. Je passe ensuite au village de la Bernerie en Retz en roulant à travers les charmants lotissements du secteur. Il y a quelques côtes avec le vent de face mais elles sont heureusement assez courtes. C'est le moment pour moi de faire mon premier arrêt : j'ai repéré un Intersport à quelques pas de la piste.

Je m'y rends et ne trouve malheureusement pas de duvet chaud assez compacte pour mes sacoches de vélo. J'essaierai donc plus au Nord dans un autre magasin. Je repars bredouille et roule jusqu'à Pornic. Le temps se découvre enfin et je progresse sous un beau ciel bleu. Ça me remotive pour la journée. J'entre dans Pornic par son joli port à marée basse où les bateaux reposent sur le sable. Je prends quelques photos puis m'assieds tranquillement en terrasse pour déguster un café. Je termine ainsi une bonne matinée de 25 km, parfaite pour correctement récupérer de la journée d'hier. La terrasse à l'ombre, un peu à l'écart de la route, est idéalement située : ça me donne envie de rester plus longtemps. Je demande donc au barman si je peux manger mes sandwichs tout en commandant un hors-d'œuvre. Gentiment, il accepte et je m'offre une assiette de frites : j'en rêvais depuis longtemps. Je savoure chacune d'entre elles avec de la mayonnaise. Je repars bien reposé après une longue pause de deux heures et file en direction d'un Decathlon situé à dix minutes de vélo.

Une fois dedans, je vais directement au rayon des duvets et regarde les différents modèles. Il y en a qui m'intéressent mais qui sont sur commande uniquement. Je demande à la vendeuse le modèle qui convient le mieux et malheureusement la date de livraison ne colle pas. Je repars une fois de plus bredouille mais garde espoir : je vais trouver quelque chose de bien à Nantes c'est certain. Je reviens alors sur l'itinéraire de la Vélodyssée situé en pleine campagne. Il y a beaucoup de vent qui comme à son habitude souffle de face. Je passe par le village de St Michel Chef Chef où je me perds de nouveau. Après avoir parcouru toutes les rues autour de la place, je constate qu'il manque un panneau. À mon grand regret, cette fin de semaine est clairement plus aléatoire au niveau des indications. Je continue quand même et sillonne les petites routes de campagne à travers les habitations. Je ne vois pas l'océan mais sens son odeur grâce au puissant vent. Vers 15h30, j'arrive à St Brevin les Pins. J'ai très bien pédalé hier et ai envie de plus prendre mon temps aujourd'hui. Je décide donc de ne pas continuer jusqu'à Paimbœuf. Du premier coup, je tombe sur un superbe emplacement dans un grand parc, qui motive grandement cette décision.

Je pars ensuite faire des micro courses à l'hypermarché du coin. Le vigile refuse que je stationne mon vélo pendant cinq minutes dans l'immense hall du magasin : je ne comprends pas trop pourquoi. J'insiste en lui expliquant que mes sacoches n'ont pas de cadenas et que l'enceinte du magasin est idéale pour limiter les risques de vols. Il me sort alors tout un charabia pour me dire, une fois de plus, que ce n'est pas possible. Je ricane intérieurement : c'est quand même son métier de surveiller. Sans faire mes courses, je repars assez consterné par cette scène : en plus d'un mois de voyage jamais aucuns magasins ne m'avaient refusé le stationnement du vélo. Je vais donc au supermarché d'en face et suis de nouveau tout aussi frustré : la bonne dame de l'accueil ne veut rien savoir. Je ne vois qu'une seule raison : ils se sont passé le mot. Je trouve ça complètement stupide. Il s'agit là d'une question de bonne volonté. Je fais quand même mes courses en quatrième vitesse car le vélo et les sacoches ne sont pas à l'abri. Je vais ensuite au niveau des bords de plage et aperçois, au loin, le gigantesque pont de St Nazaire. Avec ses 3,35 km de long et ses 80k m³ de béton, c'est un mastodonte des ponts français. J'ai un peu de temps devant moi et décide d'aller voir ce monument de plus près. Il m'impressionne par sa grandeur et je fais une bonne séance photo, avant de revenir à mon emplacement pour faire sécher mes équipements. Je m'offre le luxe d'une petite douche à un robinet d'eau froide. J'enchaîne par un repas à base de semoule à la tomate et mon rituel. Les moustiques sont de sortie ce soir ! Je retrouve donc mes réflexes du Sud-Ouest pour les éradiquer de la surface de ma peau. Je finis la journée en me couchant de bonne heure pour être en forme au réveil.

Demain sera une journée capitale : j'arriverai enfin à Nantes. Je prévois donc de partir tôt pour ne pas être pressé par le temps. Je pourrai ainsi profiter plus amplement de la soirée qui s'annonce, en compagnie d'une ancienne connaissance :)