"Je suis fin prêt pour cette rentrée et ai bien tout mis dans mes sacoches : nourriture, ustensiles de cuisine, vêtements, équipements pour dormir... Il ne me manque rien... Ah si, seulement un duvet chaud ! "


Ce matin, je me lève à 7h00 et sors d'une nuit compliquée. Je me suis d'abord endormi très vite puis ai été réveillé par la fraîcheur. J'ai réussi à refermer l'œil à seulement 5h30. J'ai donc profité de ce temps éveillé pour regarder la température : elle était presque en-dessous de 10°C. Maintenant j'en suis sûr : mon sac de couchage qui affiche une température confort de 15°C ne me suffira pas pour passer le Nord. J'ai donc étudié les différents modèles à ma disposition. Pensant partir à vélo au printemps, je ne m'attendais pas à être confronté à ce problème. Pour l'automne, il me faudra absolument de quoi tenir des températures proches de 0°C ou moins durant la nuit. J'investirai à Nantes. En attendant, je vais passer les quelques jours restants sous la tente à bien m'habiller avant de dormir. Je me rendors et la nuit passe.

Le jour se lève et je prends mon café : j'apprécie la chaleur qu'il m'apporte. La tente n'est pas mouillée ce matin et je suis content. Une fois le camp replié, je pars à 8h40 et roule un km avant de trouver une foutu poubelle : pas très bien équipé ce port. Je commence ma journée en direction de St Michel en l'Herm. Je longe d'abord le canal de Marans à la mer où je roule sur de la superbe gravette : un bonheur pour se mettre en jambe du matin. Je traverse ensuite l'immense zone du marais de poitevin parsemée de champs de culture et d'élevage animalier. Le paysage est très vaste et les multiples oiseaux parcourent le ciel avec une grande aisance. La piste est parfaite ce matin ; rien à voir avec celle d'hier. Sur certaines portions j'atteins des vitesses de 30 km/h. Je m'arrête quand même de temps à autre pour contempler le calme de la nature. J'entre à 10h15 dans St Michel en l'Herm et fais une longue pause café en écrivant la journée d'hier. Bien reposé, je continue mon chemin en direction de la Tranche sur Mer. La piste va maintenant longer les bords d'océan pour me faire admirer ses grandes plages de sable fin. Le temps est idéal et le ciel légèrement voilé m'offre des moments de fraîcheur. Je passe sur le Lay et arrive à La Faute sur Mer où un très grand espace pique-nique m'invite à m'arrêter. C'est parfait pour un bon repos. Je mange et fais une sieste à l'ombre d'un arbre puis écris un bout de l'aventure. Je remplis mes gourdes de la précieuse eau avant de repartir.

La piste, en parfaite ligne droite, suit la départementale un grand moment et est assez bien revêtue. J'ai les jambes bien chauffées de la matinée et sens que c'est le bon moment : je passe le deuxième plateau. Je roule alors à 30 km/h pendant une dizaine de minutes et fonds littéralement sur La Tranche sur Mer. Je continue encore un peu à ce rythme car la piste me le permet et atteins l'entrée de la forêt de Longeville. Avec du recul, ce fut probablement ma meilleure traversée de forêt depuis le début du voyage. Le chemin, juste impeccable, est fait de de légers graviers mélangés à de la très fine terre. J'avance à une allure de dingue à travers les arbres et prends mon pied à chaque coups de pédale. Je sens que c'est précisément sur ce terrain que mon vélo est le plus à l'aise et n'hésite pas à le faire monter dans les tours. Les changements de vitesses claquent au rythme des montées-descentes qui s'enchaînent tous les vingt mètres. Je prends les virages à la corde, pratiquement comme si je n'avais pas de poids sur le vélo. Au bout d'un long moment, je fatigue et lève un peu le pied. Je sors finalement des arbres et suis satisfait de cette excellente demi-heure de vélo ! Le plus gros de la journée est fait et je roule doucement jusqu'à Jard sur Mer. Je stoppe le compteur devant l'océan qui m'affiche un total de 70 km : encore une bonne étape. J'ai de très bonnes jambes ces derniers temps et suis vraiment content des distances que j'arrive à parcourir. Je progresse un peu plus chaque jour et mon corps apprend doucement mais sûrement à gérer le voyage.

Je fais un petit ravitaillement en fruits et en pain au supermarché puis savoure l'étape du jour en buvant une bonne pression en terrasse. Au moment de repartir mes voisins de table m'interpellent : ils me posent quelques questions sur le voyage et on commence à discuter plus longuement. Ambre, Milan et leur maman Valérie m'invitent alors à planter la tente pour la nuit. Nous faisons route un km plus loin et arrivons dans la maison de Ambre et son compagnon Tom. Le terrain est parfait pour monter le camp et les sardines s'enfoncent très facilement dans la terre. J'installe mes affaires et prends une douche qui m'apaise et me détend. Ils m'invitent ensuite à manger avec eux. Le repas est divin : crevettes, olives, saucisson et pain en entrée ; saucisses, sardines et moules grillés accompagnés de petits légumes et de semoule avec sauce pour le repas ; fromage et tisane pour le dessert ; le tout accompagné d'un très bon vin rouge. Mes papilles redécouvrent des goûts qu'elles n'avaient pas eu depuis longtemps. Je suis comblé de bonheur. Depuis le début du voyage, c'est véritablement le meilleur repas que j'ai mangé ! Je parle longtemps avec eux de voyage à vélo, à pied, de chimie et aussi pas mal de l'Amérique du Sud. Quelle soirée incroyable ! J'ai vraiment eu de la chance de rencontrer ces personnes aussi généreuses et gentilles. Je les remercie profondément pour cette soirée et vais me coucher l'estomac plein, mais surtout le cœur léger.

Demain, je redescendrai de ce petit nuage et ferai route vers St Gilles Croix de Vie. Nantes se rapproche à grands pas !