"Quand la piste est mal revêtue, ça m'énerve"


Ce matin je me réveille à 7h00. Je me suis très vite endormi la veille mais ai été réveillé par la fraîcheur à 3h00. Impossible de me rendormir avant 5h00. À mon levé, je me sens quand même bien reposé et fais chauffer mon petit café. L'air est très frais et c'est agréable de boire une boisson chaude. Les matins se suivent et ne se ressemblent pas : aujourd'hui ma tente est trempée par l'humidité. Je passe donc une heure de mon temps à la laisser au soleil, qui de bonne heure, ne chauffe pas tellement. À 9h30 j'en prends marre et commence mon étape.

Je roule en direction de La Rochelle. Le soleil est haut dans le ciel pratiquement vide de nuages : la journée s'annonce chaude. Point positif: aujourd'hui le vent s'est calmé et seule une légère brise persiste. Je m'étonne alors d'aller vite en seulement deux coups de pédale. La piste est assez compliquée ce matin : par moments en travaux, par moments mal indiquée, elle est très sinueuse. Je progresse lentement à travers les routes côtières du tracé. J'entre enfin dans La Rochelle par son énorme port où de nombreux voiliers et bateaux en tout genre sont amarrés. La suite est remarquable : je passe devant les tours maritimes qui dominent l'entrée de la ville. En premier lieu, j'aperçois la tour de la Lanterne surmontée d'une flèche de style gothique flamboyant ; à sa droite, les tours de la Chaîne et de St Nicolas font barrière de péage aux navires. Je prends quelques photos puis repars pour l'île de Ré. Je m'attends alors à atteindre rapidement le pont d'accès de l'île. Il n'en est rien et je galère durant trente minutes dans la zone industrielle de la ville, où pédaler est très monotone. Le trajet est long mais j'arrive enfin au bord du pont de Ré. Il s'agit là du deuxième plus grand pont de France avec ses trois km de long. Du haut de ses 42 mètres et de ses 28 piles, il survole l'océan et les navires. Je monte donc sur ce monstre de béton pour à mon tour survoler l'Atlantique. La traversée me prend quinze bonnes minutes et je déboule de l'autre côté sans encombre : me voilà sur l'île de Ré ! D'ici, j'ai une superbe vue sur l'océan et La Rochelle. Je roule jusqu'à Rivedoux et cherche un coin pour manger. Malheureusement pour moi, il n'y a rien de folichon et l'ombre se fait rare sur les bords de plage. Je m'installe quand même à l'extrême Nord du village où un arbre m'apporte un peu de fraîcheur. Le soleil tape déjà fort et il est à peine 12h. Je mange avec les bruits de voitures dans les oreilles et regarde la route qu'il me reste à parcourir : je ne vais pas m'éterniser sur l'île car je prévois de rouler encore trente km au Nord de La Rochelle cette aprèm.

J'écris un peu et repars à 13h15 pour repasser sur le continent. Au bout de 45 minutes je suis enfin au centre-ville et m'octrois un petit repos après cette éprouvante traversée. Je m'installe en terrasse avec un café et deux chocolatines. Quelques instants plus tard me voilà bien reposé et je remonte sur mon vélo pour filer au Nord. Les nombreux canaux du centre, très tortueux, m'empêchent de distinguer correctement ma route : je me perds. Au bout de plusieurs essais, je trouve enfin la bonne voie qui me conduit le long du canal de Marans à La Rochelle. J'attaque par de la bonne gravette légèrement en montée. Le calme du canal me fait grand bien après cette matinée dans la circulation. Je poursuis avec des portions en faux plat descendant où je prends beaucoup de plaisir à avancer : je file à 30 km/h. J'arrive à Dompierre sur Mer assez vite et me dis que je serai rapidement à Marans. Grossière erreur de ma part ! Sans mauvais jeu de mot, la suite du parcours n'a rien de marrant. Pendant vingt km, je roule sur une vieille piste goudronnée jonchée de trous et de bosses. Je me dis que ce n'est qu'un passage mais son état ne s'améliore pas. J'ai l'impression de pédaler des heures durant et commence à fatiguer. Les bosses m'usent les fesses et le moral. Mon guide indique pourtant "voie en site propre" : je ricane fortement car je croise des voitures depuis le début de la piste. Je n'appelle pas vraiment ça du "site propre". À un moment le pire se produit : un trou fait sauter trois de mes sacoches. C'est est trop ! Je me stoppe et crie un bon coup pour extérioriser la frustration qui m'anime. Il ne me reste plus que huit km et je crois avancer sur une ligne droite infinie. Le compteur se rapproche des 70 km et je ne vois toujours pas de village. Finalement, à 16h30, après tous ces efforts, le calvaire prend fin. J'entre dans le village, fatigué, et vais remplir mes gourdes pour la nuit. Mes nerfs ont été mis à rude épreuve cette après-midi. La suite se déroule heureusement sans soucis.

Je trouve un emplacement idéal en face du port, avec calme, accès baignade et table. La douche dans le port, après trois jours de vélo, me fait un bien fou. Je mange ensuite une rassasiante portion de semoule à la tomate et écris mon périple. Je constate alors que la lune est très belle ce soir : jaune et pleine, elle resplendit dans le ciel nocturne. Je me couche après avoir fais mon saint rituel et m'endors calmement.

Demain, la piste en direction des Sables d'Olonne sera meilleure, j'en suis certain !