"Aujourd'hui, j'atteins la ville de Châtelaillon Plage située sur la même latitude (46°) que mon village St Victor sur Rhins. J'aurai exactement mis 31 jours à le rattraper sur l'axe horizontal de la terre. C'est un bel aboutissement après tout le chemin déjà parcouru ! "


Je me réveille à 7h00 ce matin. J'ai bien dormi et n'ai pas eu froid malgré le vent glacial de la veille. Je me suis suffisamment habillé pendant la nuit et ai utilisé ma polaire et ma veste de vélo comme couverture. Heureuse surprise ce matin quand je découvre que la rosée n'a pas mouillé ma tente : pas besoin de la faire sécher le soir. Je me prépare un bon petit café chaud : je prends enfin plus mon temps le matin car les températures chutent de jour en jour. Une fois bien réchauffé, je m'habille pour la journée. Là aussi, j'enfile pour la première fois mon t-shirt près du corps et mon cuissard mi-long, puis ajoute par-dessus mon t-shirt et ma veste de vélo : pas question d'avoir froid en roulant. Je pars à 8h20 et suis content de m'être autant habillé.

Il y a un puissant vent du Nord qui laisserait quiconque mal vêtu de givre. Je repasse une cinquième fois dans le village de Marennes (je commence à connaître) et enquille direct sur la suite de la Vélodyssée. Je traverse alors une gigantesque zone marécageuse où la nature domine et assiste au réveil des espèces animales du coin. Pendant que je roule, un cygne s'envole conjointement à moi et m'invite à rouler avec lui. Les oiseaux et les vaches errent en paix dans cette immense étendue. Je m'arrête pour immortaliser quelques instants. Cela me fait oublier le revêtement pas toujours évident de la piste ce matin. Je remonte un peu plus haut et arrive sur cinq bon km de gravette : trop cool ! Ça m'avait manqué et je m'en donne à cœur joie jusqu'à St Agnant. Je me rappelle ensuite ce que Grégoire m'avait dit, et sors de la voie vélo qui fait une boucle de vingt km avant Rochefort. Au lieu de ça, je monte plein Nord en passant par Échillais et coupe la plaine par son centre. Me voici alors devant un superbe moyen de traverser la Charente : le pont Transbordeur. Ce monument datant du XIXe siècle vient juste d'être rénové. Il servait d'alternative pour traverser la Charente, quand le bac ne le permettait pas à marée basse ou que les conditions météo étaient trop mauvaises. Je l'emprunte et suis impressionné par sar taille. Me voilà de l'autre côté de la Charente : hop, vingt km de gagné ! J'avance ensuite plus au Nord et arrive dans le centre de Rochefort.

Je me pose sur la belle place de l'hôtel de ville, où calme et sérénité sont les maîtres mots. Elle est très grande et bien aménagée : au milieu deux bars-restaurants s'opposent et les quatre coins sont soigneusement accommodés d'arbres, de pelouses et de bancs. Je prends mon petit café à l'une des terrasses et écris un moment. Je vais pour repartir et fais la connaissance de Patrick. C'est un ami belge qui habite à Rochefort, mais en Belgique. Il fait beaucoup de vélo et a aujourd'hui un bon programme : aller-retour La Rochelle/Rochefort. Nous parlons un long moment des voies vélo en France et en Belgique puis je lui explique que je passe bientôt près de là où il habite. Il m'invite alors, s'il est disponible, à venir monter le camp chez lui. Je suis content de cette rencontre et vais tranquillement manger sur un banc de la place. Je repars et fais un passage au port d'attache de l'Hermione : cette réplique du célèbre navire de guerre français datant du XVIIIe siècle est magnifique. Elle présente une coque en chêne avec des dimensions colossales de 66 mètres de long pour 56,5 mètres de haut. Ses 2200 m² de voilure lui donne une allure époustouflante et ses drapeaux jaunes aux couleurs du Tour de France lui vont à merveille. Elle ne compte pas moins de 28 canons qui ne donnent pas envie de la croiser en mer. Je reste ébahi un moment et prends de nombreuses photos, avant de traverser Rochefort en largeur.

De retour sur la piste, je longe une route départementale où j'ai un très fort vent du Nord qui m'empêche complètement d'avancer. Je passe comme je peux la partie un peu moins belle de l'étape et arrive sur les bords d'océan en dessous de Châtelaillon Plage. Je roule un moment sur le chemin côtier pour admirer les alentours, puis le quitte faute de place pour mon poids lourd : il y beaucoup trop de touristes en balade. Je passe dans le centre de Châtelaillon où une animation se tient pour le Tour de France. J'ai alors une question en tête : n'y a t'il rien de prévu pour le mien ? J'hésite à m'annoncer à la régie télé mais continue mon chemin. Le compteur affiche 50 km et je me stoppe là pour aujourd'hui : j'ai bien roulé. Après quelques recherches, je trouve un coin super pour camper à côté de l'hippodrome : c'est un parking public avec de grandes étendues d'herbe séparées par des rangées d'arbres. Je n'ai aucun vis-à-vis mais crains quand même de me faire virer en m'installant ici. Je mange tranquillement un bon riz au pesto rouge, range toutes mes affaires correctement et le pire arrive : la police municipale fait sa ronde du soir. La policière commence par m'informer que le camping sauvage est interdit, ce que je savais déjà. Bien heureusement pour moi, elle me laisse camper là pour la nuit. Je la remercie et me couche sereinement dans mon duvet : j'ai eu du bol ! Je ferai plus attention la prochaine fois.

Demain, j'atteindrai La Rochelle et irai faire un détour sur la belle île de Ré pour voir l'océan de plus près :)