"- Inspecteur Bingo... vous avez fait vite !

- Alors commissaire, la rumeur est-elle vraie ?

- Oui... elle a de nouveau frappé !

- Mince, cette fois je vais devoir enquêter sérieusement ! 

- Je vous ai mis mes meilleurs hommes sur le coup ! Mr l'inspecteur, vous avez carte blanche.

- Je vous remercie commissaire !

- Ah oui j'oubliais ! Tenez, une paire de doigts, ça vous servira forcément !"


Je me réveille ce matin à 8h00. Je me suis couché tard la veille mais ai bien dormi. Mes vêtements sont enfin secs. Je les plie et démonte mon étendoir maison. Je descends ensuite manger un très bon petit-déjeuner qui me met en forme. Le soleil brille déjà et éclaire les jolis nuages blancs. Je remonte puis referme toutes les sacoches. Je suis blindé et fin prêt pour une nouvelle semaine de vélo. Je pars finalement à 9h50 de l'hôtel, après avoir chargé le vélo.

Je longe la côte Nord de Royan et passe par ses magnifiques plages de sable fin. Ce départ me rappelle celui de Sète le long de la Méditerranée. La lumière du matin resplendit et crée une atmosphère assez spectaculaire. Je roule tout doucement pour admirer les environs puis quitte Royan. Je suis content de ce court séjour qui valait le détour. Je remonte en direction de La Palmyre et arrive sur des côtes plus sauvages : l'océan vient s'écraser sur des rochers aux multiples dimensions. Au loin, j'aperçois le phare de la Courbe. Il domine l'horizon avec ses couleurs rouge et blanche. Je continue et m'arrête à son pied pour manger, après 24 km de vélo : c'est pas mal pour une petite matinée de reprise. Aujourd'hui, l'objectif est d'atteindre Marennes afin de reprendre tranquillement la semaine. Je fais ma traditionnelle sieste du midi et écris mon périple. Je repars bien reposé et traverse la forêt de Courbe.

Rien à voir avec celles des Landes. Ici, il n'y aucun dénivelé et la route est plate. Le revêtement est bien au début puis se dégrade progressivement, jusqu'à laisser apparaître des bosses. Bien chargé, je dois ralentir pour ne pas faire sauter tout le vélo et risquer de tomber. Je ne vois pas l'océan mais je sens le fort vent de face qui m'empêche d'avancer. Je finis enfin la forêt et trouve un loueur de cycle qui a une petite station de gonflage. Impeccable ! Je vérifie la pression pour mes deux pneus et repars tout content. Je passe la Seudre sur son grand viaduc et le puissant vent de côté me déstabilise. Je dois me concentrer pour garder le vélo dans l'axe de la mini voie du pont. J'arrive ensuite dans Marennes par son petit port de plaisance. Je roule en direction du centre lorsque, quelques mètres plus loin, je manque de tomber dans un virage. Mon pneu est crevé à l'avant : quelque chose cloche. Je trouve ça étonnant et me pose dans le parc d'à côté pour étudier cela.

J'inspecte très minutieusement le pneu et ne vois rien d'épineux. Idem sur la chambre à air. Le problème vient donc d'ailleurs. Je regarde d'encore plus près la roue et constate que mon fond de jante est complètement décalé. Il fait des espèces de pliures qui laissent apparaître certaines têtes de rayons. Je compare avec l'endroit de la crevaison sur la chambre à air et conclue que la tête de rayon est le coupable : c''est embêtant. Il va falloir que je change rapidement le fond de jante. En attendant, je le déplie comme je peux et installe une nouvelle chambre à air, quand un nouveau problème survient : mon pneu n'est pas correctement centré sur la jante, faute de pression à la pompe à main. Ça fait déjà une heure que je répare et j'en ai un peu marre. Je vais donc prendre un café et réfléchis à trouver un compresseur pour résoudre mon problème. Demain c'est Dimanche et je n'aurai pas de magasin de cycle ouvert...

Je repars du bar en direction des coins tranquilles que j'ai repéré en arrivant. Le canal de la Charente à la Seudre s'écoule paisiblement et sera parfait pour monter la tente. Il n'est que 16h50 et j'ai un peu de temps devant moi pour me pencher sur mon problème de pression. Pendant trente minutes, j'erre désespérément dans Marennes à la recherche d'un gonfleur ou d'une pompe à pied : je demande aux camping cars, aux bateaux, aux piétons et personne n'a ce qu'il faut. Je vais même à la station essence deux km plus haut, et comme je m'en doutais, l'embout ne convient pas pour mes petites valves de vélo. Tant pis, je ferai le gonflage à la dure une fois le camp monté.

Je reviens donc sur mes pas et m'installe pour la nuit le long du canal. Il y a énormément de vent et je dois mettre des poids sur mes affaires pour ne pas qu'elles s'envolent. Une fois le camp sur pied, le pêcheur d'à côté (je lui ai déjà expliqué mon problème) me dit que mon autre voisin camping car a peut-être de quoi gonfler le pneu. Je pars d'un pas décidé lui demander et, alléluia, il a l'objet tant convoité : une pompe à pied. Je gonfle en deux secondes le pneu et le fais éclater avant de le remettre à la bonne pression. J'ai finalement trouvé juste à côté du lieu où je m'apprêtais à passer la nuit : c'était si simple. Si seulement j'avais su... Des fois, rien ne sert de traverser villes et prés ; il suffit juste de regarder calmement autour de soi. Je garde cette morale en tête et me fais un bon repas : tomate et thon en entrée suivis de penne au pesto rouge avec des prunes en dessert. Le vent est si froid que je m'équipe pour la première fois de ma polaire. Elle me sert enfin après presque un mois au fond de ma sacoche. J'écris un peu avant de me coucher au chaud dans mon duvet.

Demain je ferai route toujours plus au Nord en direction de Rochefort :)