"C'est un fameux vélo, lourd comme un paquebot, pédaler, c'est très compliqué !"


Ce matin, je me réveille calmement. Malgré le fait que je me sois couché tard la veille en discutant avec mes bienfaiteurs, j'ai très bien dormi. Les températures m'ont cependant obligé à me vêtir de ma polaire dans mon duvet. Je prends un bon petit déjeuner en buvant un chocolat chaud et pars à 8h30. C'est la tête pleine de souvenirs que je quitte ces merveilleuses personnes en direction de nouveau horizon. Je leur souhaite mentalement du bonheur et de la réussite dans tout ce qu'ils entreprendront.

La piste traverse ce matin une remarquable zone marécageuse et je roule en harmonie avec la nature. Les petits cours d'eaux s'écoulent paisiblement et les oiseaux font leur gymnastique matinale. Je passe au milieu de ce fantastique paysage et m'arrête quelques instants pour apprécier le silence. Je roule ensuite en direction des Sables d'Olonne. Au niveau de la côte, un beau point de vue se tient devant moi. Le soleil est bien orienté et il n'y a pas un chat : c'est le moment idéal pour sortir le trépied. Seule une mouette reste assise à côté de moi et je passe l'heure qui suit à faire des clichés en me prenant avec mon vélo. C'était quelque chose que je voulais faire depuis un moment mais n'avais jamais vraiment trouvé l'endroit idéal. Après quelques bonnes prises, je repars satisfait et arrive aux Sables d'Olonne. Je me mets alors en terrasse et prends un petit café. J'appelle un moment ma sœur (la mouette pour les intimes) pour prendre des nouvelles et écris la fantastique fin de journée que j'ai pu vivre hier. Je vais ensuite quelques mètres plus loin et trouve un coin agréable pour manger. Les bords d'océan sont très bien agencés et il y a peu de véhicules qui circulent. Je mange au calme et me repose. Le soleil, haut dans le ciel, commence à bien chauffer. Je m'étale de la crème solaire et repars en direction de Brem sur Mer.

La forêt d'Olonne se dresse alors sur ma route et seulement sa première partie me procure quelques sensations de pilotage. Le chemin continue au milieu des marais et je traverse des petits ponts en bois. À un moment, je rate un panneau et m'écarte de la bonne route. En revenant sur mes pas, je la retrouve rapidement et quitte les incessants passages des voitures. Depuis que je suis entré en Vendée, ce n'est que la première fois que je me trompe. Les indications sont excellentes et c'est plaisant de parcourir un itinéraire aussi bien balisé. Ça me rappelle celui de la ViaRhôna. Passé Brem sur Mer, le vent se lève et il est visiblement de mauvaise humeur aujourd'hui : il souffle du Nord-Ouest et est très puissant. Je suis dans l'incapacité d'avancer sur de longues périodes. Les paysages, eux, guère gênés par le vent, sont admirables : les criques rocheuses s'enchaînent et donnent un côté sauvage au tracé. La piste alterne ensuite entre bord de dune et petit passage en forêt. Je suis à mes aises uniquement une fois au milieu des arbres qui me coupent de mon ennemi du jour : le vent. Un peu après Brem sur Mer, ce vilain personnage me scotche au goudron pendant plusieurs dizaines de minutes : je ne peux pas lutter contre sa force et lève instantanément le pied. Je fais alors plusieurs arrêts pour boire, aller aux toilettes et regarder quand ce calvaire se termine. Heureusement pour mes jambes, le tracé se finit en forêt à l'abri de tout passage d'air. J'avance de nouveau à plus de 20 km/h. J'entre alors dans St Gilles Croix de Vie par son port de plaisance et stoppe le compteur pour la journée : 60 km. Je vais ensuite sur les plages Sud de la ville et commande un bon cappuccino avec une crêpe au Nutella : c'est la récompense après cette journée compliquée à pédaler contre le vent.

L'Atlantique est en marée montante et le vent déchaîne les vagues contre la digue. Je reste un moment à ma table et repars en direction des coins sympas que j'ai repéré pour camper. Je trouve un emplacement top devant un potager de quartier à deux pas de la plage. J'installe tranquillement le campement après avoir fait sécher la tente et la bâche. Pendant le montage, je discute avec une gentille dame, originaire de Bayonne, qui s'occupe de tracer les itinéraires vélo sur le site internet "francevelotourisme". Elle connaît donc parfaitement bien chaque parcours et me dit que la Vendée est idéale pour le vélo. Je finis mon installation et vais me baigner dans l'océan : ça me fait un bien fou ! Je reste une dizaine de minutes dans l'eau puis me sèche sur la plage. Je profite de cet instant près de l'eau pour faire quelques photos des vagues et du sable. La nuit ne vas pas tarder à tomber et je reviens à mon campement pour manger.

Je déguste de très bonnes penne à la sauce provençale lorsque qu'un individu louche sort du potager en escaladant la barrière : il s'agit là d'un ivrogne complètement saoul qui vient à ma table. D'un ton ferme, je lui dis que je veux manger tranquillement et il repars un peu plus loin. Je ne suis quand même pas très rassuré si cette énergumène reste dans les parages pour la nuit : je ne voudrai surtout pas qu'il trouve le vélo sous la bâche. Je finis de manger mais suis un peu tendu : la nuit tombe et j'ai encore pas mal de choses à faire. Je termine mes activités tout juste quand il fait nuit et entends de nouveau du bruit dans le potager. L'autre alcoolique est toujours là et fait n'importe quoi avec les cultures. Pas question de dormir avec ce nigaud à côté. Je joue donc, avec grand dépit, à la nounou pour essayer de le faire partir de la zone. J'y arrive au bout de vingt minutes (cet abruti essayait de faire des saltos sans sauter) et l'amène dans la rue. Au moment où je le quitte il se met à me suivre. Cette fois, c'en est trop ! Je suis fatigué de la journée et cette situation commence sérieusement à m'agacer. J'appelle donc la gendarmerie qui vient le récupérer au bout de vingt nouvelles minutes : ouf ! Je vais pouvoir dormir sur mes deux oreilles. Quelle histoire... Je me serai bien passé de tout ça. Bref, je me faufile dans mon duvet et m'endors.

Demain je ferai route vers Bouin et passerai sur l'île de Noirmoutier.