"Aujourd'hui je n'ai qu'un seul et unique but : manger des pâtes au pesto chez mon ami Dylan, soutien inconditionnel depuis toujours"


Ce matin, j'entame mon 91e lever du voyage, à 6h30. Malgré la pluie de la nuit j'ai très bien dormi et me sens prêt pour l'ultime journée. Je sors rapidement me laver le visage, constate que l'inarrêtable vent a déjà tout séché puis rentre au chaud dans ma maison. Ce matin, je fais les choses calmement car je sais que la fin de cette routine journalière est imminente. Je savoure mon petit-déjeuner, véritable instant de bonheur après chaque réveil, et replie machinalement les sacoches. Une dernière fois, 'Spiritual State' de Nujabes m'accompagne dans cette tâche matinale que je termine à 8h15. En dépit du peu de km au programme je m'adonne quand même à mon échauffement-étirement avant de filer sur l'EuroVélo 6.

Sans plus attendre je m'élance sur la piste afin d'apprécier mes derniers coups de pédale le long d'un canal. Le vent souffle fort et je progresse lentement en croisant de beaux oiseaux au ras de l'eau. Quelques images du voyage refont surface dans mon esprit : plages, forêts, dunes, falaises, vignes... J'aurai vu un nombre incalculable de paysages époustouflants ! J'avance sereinement, fier du trajet parcouru durant ces 3 derniers mois. Je dis au revoir à l'EV6 5 km plus loin et pique tout droit sur la gare de Dannemarie. Première étape pour rentrer à Lyon : prendre le TER jusqu'à Mulhouse qui part à 9h20. Je suis en avance et regarde quelques informations en ligne avant qu'il rentre en gare. Je n'ai aucune difficulté pour y placer mon vélo dans le compartiment prévu à cet effet. Je m'assieds calmement puis discute avec un sympathique jeune homme, lui aussi à vélo. Le temps du trajet, il me raconte son épopée jusqu'en Serbie et je fais de même avec mon Tour de France. À 9h40 le train arrive en gare de Mulhouse et nous descendons tous les 2 avant de nous quitter. Début de la deuxième étape : prendre le TGV jusqu'à Lyon Part-Dieu annoncé pour 10h. Je marche jusqu'au bon quai mais reste perplexe : j'ai peur que les contrôleurs refusent mon vélo à bord. Je tente quand même le coup car il s'agit du moyen le plus rapide pour rentrer à Lyon.

Le TGV arrive avec un léger retard et Dieu merci... aucun contrôleur n'est à quai. Je laisse d'abord monter les voyageurs puis cale habilement ma monture, qui ne bouge plus d'un poil, en voiture haute. Je range ensuite les sacoches et m'assieds à ma place en gardant un œil sur ma machine. Je souffle un grand coup et écris les aventures en filant, cette fois sans le moindre effort, à plus de 300 km/h. Pour l'instant mon repli tactique se déroule parfaitement. Maman m'appelle et je l'informe que je suis bien en route. Nous finissons notre discussion quand 2 employés du train m'interpellent en affirmant que je vais devoir payer une amende. Je ne comprends pas et leur demande pourquoi... Selon eux, la disposition du vélo ne respecte pas les normes de sécurité. Au vu du prix initial du billet, beaucoup beaucoup trop cher, je trouve ça un peu gros et leur manifeste mon désaccord. Je reviens ensuite à ma place, entame mon repas puis suis interrompu par les 2 contrôleurs. J'ai beau leur expliquer la situation exceptionnelle de ma présence et celle de mon vélo, ces 2 nigauds ne veulent absolument rien savoir. Apparemment, je suis en fraude : je rie jaune. Après une discussion qui ne déboule sur aucun arrangement, l'histoire se finit toujours de la même manière avec la SNCF : je paye. Voici un bel exemple de l'état d'esprit de cette compagnie ferroviaire. Bref.

C'est avec amertume que je termine mon repas et parle un moment à mon voisin de siège. Ça me change les idées et m'aide à passer à autre chose. À 13h j'entre en gare de Lyon Part-Dieu et quitte ces foutus trains et leurs amendes exorbitantes. Ça y est, me voilà à Lyon ! Je suis enthousiaste à l'idée de retrouver Dylan et Flavie que j'appelle directement pour les prévenir de mon arrivée. L'heure est venue et je donne cette fois mes derniers coups de pédale du périple, au milieu de la circulation, avant de franchir la ligne d'arrivée à 13h30. Flavie m'accueille et je suis tout de suite heureux de la revoir. Avec son aide nous mettons le vélo au repos, dans le garage, et montons les affaires. Leur appartement, que je connais bien, est toujours aussi plaisant et je m'y sens à l'aise. Tranquillement nous buvons le café sur la table à manger en attendant que Dylan rentre du travail. Je commence à lui raconter quelques-unes des aventures et lui expose mon opinion sur la place de la voiture dans notre société. Ces nombreuses heures sur la selle et la route m'ont permis d'appréhender différemment ce mode de transport. Lorsque Dylan arrive mon sourire s'illumine de nouveau et je réalise que je les ai tous les 2 en face de moi : cette aventure ne pouvait pas mieux se terminer.

Ensemble, nous prenons le café en parlant du voyage et des nouvelles. Flavie prépare ensuite de délicieux cookies que nous savourons chauds. Vers 17h j'effectue ma sainte combo : la douche-rituel. Même si je ne roule plus, je pense continuer quelques temps à l'exercer pour doucement réacclimater mes muscles. Une fois tout propre je publie l'article de la veille puis nous prenons l'apéro. Nous allumons un stream Twitch et trinquons à nos retrouvailles. Doucement mais surement, le meilleur moment approche : accomplir l'objectif du jour. En premier lieu, nous cuisinons une super salade à base de tomate, thon, maïs, betteraves rouges et graines. Ensuite, nous dégustons le plat saint : unes après unes j'enfourche de succulentes pâtes au pesto garnies de bouts de chèvres et savoure l'immense parcours suivi depuis 3 mois. Je suis comblé de bonheur et heureux de partager ce repas avec mes amis. La soirée bat son plein et nous parlons longuement des articles du voyage ainsi que d'écriture. Comme toujours, j'adore échanger avec eux sur un tas de sujets différents. J'aurai tenu un sacré rythme, et sur le vélo, et sur le blog, me permettant de voyager et garder en mémoire ces fabuleuses aventures. Nous regardons ensuite les photos du périple puis lançons quelques parties de Hearthstone. C'est maintenant l'heure de dormir après cette dernière journée riche en émotions et retrouvailles.

Le rideau tombe et demain, plus de vélo. Mon long voyage autour de la France touche à sa fin. Il se sera fini de la meilleure façon qui soit compte tenu de la situation sanitaire actuelle. J'aurai été extrêmement heureux de parcourir la France à vélo pendant ces 3 mois. Je suis fier de ce que j'ai accompli et si demain je devais repartir, je n'hésiterai pas. Le voyage est une expérience incroyable qui vaut la peine d'être vécue.


Bingoavelo c'est maintenant terminé... jusqu'au prochain départ.


Merci à toi, derrière ton écran, d'avoir suivi le récit de Bingo, qui aime le vélo.