"Jamais deux sans trois : j'ai un nouveau shower de prévu ce soir à la frontière franco-belge"


Ce matin je me réveille à 7h45. La nuit a été courte car j'ai veillé jusqu'à tard le soir pour préparer la journée d'aujourd'hui. Je me sens quand même bien reposé et me lave le visage avant de descendre petit-déjeuner. J'apprécie toujours autant, de bonne heure, le chocolat chaud et les tartines de pain. Je remonte ensuite m'habiller en cyclo, plie mes sacoches et attaque la grande redescente de toutes les affaires : voilà un bon échauffement des jambes. Avant de partir je laisse une trace écrite sur le livre d'or de la maison pendant que Bertrand joue une douce mélodie à la guitare. Elle me donne l'impression de vivre une fin épique de jeu vidéo et nourrit mon inspiration pour mettre des mots sur ce séjour. Une fois terminé je remercie beaucoup mes hôtes pour ce merveilleux shower et décolle en direction d'un tracé inédit à 9h30.

En effet, je me dirige sur l'itinéraire que je me suis concocté la veille qui coupe la région par le canal d'Aire. Je quitte d'abord les rues bruyantes de Béthune puis déboule sur ses les larges eaux calmes et apaisantes. Après ces 2 premiers jours de vélo, passés la plupart du temps à côté des voitures, c'est un réel plaisir de rouler à nouveau le long d'un cours d'eau. Je retrouve de la végétation sauvage et des oiseaux libres comme l'air éclairés par un grand soleil. Je suis de bonne humeur mais 10 km plus loin je déchante vite à cause d'une crevaison à l'arrière. Deux en deux jours... qui dit mieux ? J'ai encore pris un minuscule bout de verre dans le pneu. Ça commence à être légèrement fatigant de devoir sans arrêt démonter et remonter les roues. Je pense déjà renforcer mes flancs extérieurs par des bandes spéciales anti-crevaison. Je repars au bout de 45 minutes et comprends vite la raison de cet incident. Je n'avais pas bien remarqué mais les nombreux passages sous les ponts sont infestés de bouts de verre microscopiques. Ajoutez le poids du vélo et un peu de malchance à votre recette pour de belles crevaisons en chaîne. Je redouble donc de prudence pour la suite et rattrape enfin le tracé initial de l'EV5 venu de Lens.

La route jusqu'à Lille n'est maintenant plus très longue et j'avance plein Nord en suivant le canal de la Deûle. J'y trouve pas mal de marcheurs et coureurs qui profitent de la journée ensoleillée. Après des centaines de km avec pour seul compagnon la nature, la mer ou les automobilistes fous, ça me change les idées de croiser un peu de monde. Je me stoppe juste avant Lille au bord de l'eau et mange calmement en écrivant les aventures. Je ne m'éternise pas car le vent est très frais et à 13h30 je repars pour entamer ma remontée sur la capitale du Nord. Les portions de piste sur lesquelles je roule sont tantôt goudronnées, tantôt en gravette, tantôt complètement délabrées. Ce n'est pas toujours agréable mais je tiens bon et passe rapidement Lille. Je quitte ensuite le canal de la Deûle pour celui de Roubaix qui m'amènera directement à mon shower situé à Leers. Cette aprèm je mouline fort afin de me réchauffer et avance entre 20 et 24 km/h. Malgré les apparitions furtives du soleil l'air reste frais. Je pense déjà changer le rythme de mes journées en vue de la fin du voyage : j'effectuerai probablement mon étape d'une seule traite de manière à ne pas me refroidir lors de ma pause repas. Je n'en suis pas encore là et pour l'instant je longe les bords du joli canal de Roubaix.

Sa piste est bien aménagée et pour une fois il n'y a aucun bouts de verre à l'horizon. Le vent souffle assez fort mais je me couche plus amplement sur le vélo et garde un rythme convenable de pédalage. Mon objectif, d'atteindre Leers située à la frontière belge, est proche. Avec du recul, c'est certainement la semaine "vacances" du périple car j'enchaîne les showers aussi vite que les km. Après quasiment 2 mois sous la tente je ne dis pas non à un peu de confort et de douches chaudes. Vers 15h j'atteins les abords du village et fais un saut au magasin de sport. Suite aux incidents techniques je rachète 2 chambres à air neuves avec des rustines. Les bandes anti-crevaison ne sont pas disponibles et j'en chercherai plus loin sur ma route. Je file directement à mon hébergement, faute de bars ouverts suite à la situation "covid" critique de la région. Hélène et François m'accueillent dans leur maison et je bois un café chaud en leur compagnie. Je leur raconte alors mon épopée et nous échangeons plus généreusement sur la terrible piste du canal du Midi. Ils ont eu la "chance" d'en faire une partie cet été en direction de Toulouse. Je me pose ensuite sur le lit de ma chambre après les 70 km du jour et écris calmement les aventures. La douche qui suit est agréable et je la mixe d'un rituel. Je remonte à l'étage et continue mon récit lorsque Hélène m'appelle pour prendre l'apéro.

Je déguste alors une bonne Duvel blonde avec mes sympathiques hôtes. Nous parlons évidemment de vélo, mais aussi des différents hébergements vécus en voyage. Un shower assez particulier les a marqués. Un monsieur vivant seul accueillait des cyclos dans une habitation aménagée en pleine forêt. Ils me renseignent aussi sur des lieux sympas à visiter en Belgique puis nous passons à table. Cette fois, j'ai le droit à de délicieux nems cuisinés par Hélène. Le repas se passe pour le mieux et je mange à ma faim. François s'en va travailler pour la nuit pendant que je publie l'article d'hier. J'envoie ensuite des messages aux showers de Bruxelles et espère avoir rapidement des réponses. Je rejoins Morphée pour le reste de la soirée et plonge dans son monde rempli de rêves.

Demain, je roulerai pour la première fois de ma vie en Belgique. J'ai hâte de découvrir ses routes sur mon vélo :)