"Aujourd'hui, revêtir le maillot à pois ne me suffit pas. À la manière des plus gros cols du Tour de France, la piste bretonne est classée hors catégorie"


Le réveil sonne à 8h00 ce matin. J'ai assez bien dormi et ne ressens plus mon mal de gorge : les pastilles ont fait effet. Après une petite toilette, je descends petit-déjeuner et apprécie toujours autant mon chocolat chaud. Je fais un point météo avec le sympathique jeune homme en charge du service : un peu de pluie le matin et du soleil prévu dans l'après-midi. Ça me va et je remonte dans ma chambre pour m'attaquer à l'empaquetage des sacoches. Ce n'est pas une mince affaire car j'ai beaucoup de choses, mais comme toujours, ça finit par rentrer. Je rends la clé de ma chambre puis charge le vélo. Je quitte Morlaix dans la foulée et trouve le premier panneau de l'EV4 : c'est parti pour naviguer le long de la Vélomaritime !

Ça commence fort avec quelques côtes entre 5 et 10 %. Je mouline tant que je peux et avance à mon rythme en direction du village de Plougasnou. Les descentes qui suivent sont assez dangereuses et la chaussée est humide : je roule prudemment. Durant cette première semaine de vélo le revêtement de la piste ne devrait pas trop me poser de problème, car j'ai quasiment que de la "voie partagée" goudronnée. Je passe quand même sur quelques chemins en gravette qui m'amènent au bord de la mer. Un paysage très sauvage, avec de multiples oiseaux et bateaux échoués sur le sable, se profile devant moi. Je me stoppe un instant et admire la beauté des lieux. J'entame de nouveau quelques portions en montées qui me font suer à grosses gouttes et m'arrête au sommet pour redescendre en température. Vers 11h30, j'atteins le village de Primel Trégastel. Le calme et la tranquillité règnent le long des deux grandes plages de sable fin. C'est l'endroit idéal pour manger et me reposer. J'écris les aventures sur le carnet avant de m'étirer. Je fais bien car la suite de l'itinéraire ne rigole pas.

D'entrée, une côte de malade à 15 % me rappelle la difficulté de la piste. Je roule les premiers cent mètres en pensant atteindre un replat, mais tout l'inverse se produit : le pourcentage monte à plus de 17 % et c'est beaucoup trop dur. Devant ce véritable mur, je mets pied-à-terre et pousse le vélo de toutes mes forces pendant une dizaine de minutes. Une fois en haut, je reprends mon souffle et admire le point de vue sur la mer : je n'aurai pas tout perdu. Jamais une journée de reprise ne m'avait fait autant suer. Les routes bretonnes sont vraiment sans pitié avec les cyclos. Je redescends ensuite au niveau de la mer avant de m'attaquer à de nouveaux sommets. Cette fois je ne suis pas tout seul et deux autres cyclos, aussi chargés que moi, m'accompagnent dans ce calvaire. Deux grosses montées s'enchaînent et je m'avoue vaincu à la troisième : qu'est ce que c'est physique ! Une fois le pédalage terminé, le repos sera amplement mérité.

Je continue ma route et arrive enfin dans une portion avec moins de dénivelés m'amenant aux portes du village de Guimaëc. Je bifurque avant le bourg en direction de Locquirec. Il y a quelques montées mais beaucoup moins compliquées que celles que j'ai déjà pu traverser. Je mouline fort et admire les immenses plages de sable fin totalement désertes. Je roule quasiment sur le sable et m'arrête un instant pour apprécier le calme. Un peu plus loin, je recroise les deux cyclos rencontrés à l'auberge de Morlaix. Je discute un moment avec Anique et Michel des déboires de la piste ainsi que de la beauté des horizons. Je me dirige ensuite vers Plestin les Grèves et passe devant la très belle plage de St Efflam. C'est la basse mer et je peine à percevoir l'eau dans le lointain. Je touche au but à 15h et atteins St Michel en Grève en longeant les bords de mers. Autant vous dire que je bénis le café et la terrasse du centre en prenant un repos bien mérité après ces 54 km très physiques. Je repars à 16h du bar dans l'optique de dénicher un coin sympa pour la nuit. Aujourd'hui, je ne galère pas que sur la piste et tourne pendant 1h30 aux alentours du village sans trouver mon bonheur. Finalement, un monsieur m'indique un endroit près du site du Gros Rocher.

Je m'y rends instantanément et trouve de la place, du calme et même une table pour manger : c'est parfait. Je monte la tente en 10 minutes chrono et installe les affaires. Le mieux dans tout ça, c'est que la mer a eu le temps de remonter. Je peux donc sans problème prendre une super douche à l'eau salée. Étonnement elle n'est pas froide et même presque chaude. Cette fois, je me baigne tout nu : je ne veux pas avoir à faire sécher mon caleçon. Heureusement, seuls les oiseaux assistent à ma baignade naturiste. Je reviens ensuite au camp et mange un repas copieux, parfait pour encaisser toutes les montées de la journée. Je ne manque surtout pas mon rituel et me couche tranquillement dans mon duvet.

Demain, je roulerai en direction de Perros-Guirec encore plus au Nord :)