"Kilomètres après kilomètres, j'apprends mes leçons : plat = montée ; descente = montée => plat = descente. Oui, je sais, la piste bretonne est parfois surprenante"


Ce matin, je me lève à 6h45. J'ai très bien dormi et me sens d'attaque pour la journée. La tente est légèrement mouillée par l'humidité de la zone mais rien de bien méchant. Je sors de ma cabane en toile et constate qu'un fort brouillard recouvre la zone. Ce dernier n'est cependant pas comme ceux que j'ai déjà pu rencontrer le long du canal de Nantes à Brest : il ne véhicule aucune fraîcheur. Le temps est donc lourd ce matin, mais d'après la météo, il devrait s'améliorer progressivement dans la journée. Je bois avec entrain mon chocolat chaud puis replie doucement mes affaires en musique. Bonne nouvelle car je n'ai quasiment plus mal à la gorge. Par contre, je suis légèrement "enrhubé" et ai le nez qui coule. Cela ne m'empêche pas de charger le vélo pour décoller à 8h30.

Après une petite halte pour l'eau au sanitaire de la plage, j'enquille sur la piste en direction de Lannion. Ça commence en douceur avec une légère côte entre 2 et 3 % en forêt. Le brouillard s'empare des bois et mon nouveau coupe-vent résiste convenablement à la fine brise matinale. À 9h45, j'atteins Lannion et m'installe en terrasse le long du Léguer. J'apprécie un bon café au lait avec un pain au chocolat. Je n'ai pas rencontré de difficultés particulières sur cette première partie, hormis une grosse côte à 10 % me rappelant le fait que je suis bien sur la côte bretonne. En tout cas, depuis Morlaix, je trouve que la piste est très bien indiquée et qu'il est agréable de suivre l'itinéraire de l'EV4 (excepté les montées à 10 % +). J'écris un moment les aventures puis reprends ma route après cette courte pause. Après quelques mètres, je déchante vite : un panneau d'indication manque au niveau de l'église et cela m'oblige à me perdre dans les ruelles en fortes pentes. Au bout d'une quinzaine de minutes, je retrouve enfin le bon chemin et fais cap sur la mer. Je passe alors dans des coins de campagne arriérés calmes : fermes, petits bourgs, gites ruraux...

J'arrive finalement sur la côte vers 11h45 et le brouillard obstrue toujours autant le paysage : je ne vois rien du tout. Je rentre dans le village de Trébeurden et vais me restaurer au bord de la Manche. En me rapprochant de l'eau je gagne en visibilité et obtiens une vue sympathique sur les bateaux et les rochers sauvages. L'endroit est calme et je me repose avant d'écrire sur mon carnet de voyage. La matinée a été chargée avec une trentaine de km au compteur. Ma destination du jour, Perros-Guirec, n'est maintenant plus très loin. Je repars calmement et m'enfonce à nouveau dans la campagne bretonne. Je passe devant des jolies maisons fleuries d'hortensias de toutes les couleurs. Certaines propriétés ont un si grand terrain que je ne peux m'empêcher de penser qu'une tente ou deux seraient si bien au milieu du jardin. Je reviens vite à la réalité car la piste monte légèrement. Au bout se trouve le village de Trégastel que j'atteins tranquillement en moulinant. Ses bords de mer, façonnés de petits ruisseaux créés par les va-et-vient de l'eau, sont charmants. Je continue ma route et traverse un large pont pour sortir du village. J'entame alors la dernière partie de piste en direction de Perros-Guirec.

Une longue montée à plusieurs étages fait très largement augmenter mon rythme cardiaque. Je commence à avoir l'habitude et pédale stratégiquement : je récupère mon souffle tant que je peux sur les replats, puis donne tout sur les portions les plus pentues, pour peiner le moins longtemps possible. Après presque 10 minutes de galère, j'arrive au sommet en ayant eu l'impression de gravir l'Everest ! C'était la dernière de la journée ! Je suis content de moi car je les aurai toutes passées sur le vélo. À 15h, j'entre dans Perros-Guirec et débute ma recherche d'emplacements pour la nuit. Dans un premier temps, je tourne autour des bords de mer et ne tombe pas sur des lieux incroyables. Je me rends ensuite sur les hauteurs du village jusqu'à un city stade. L'endroit est parfait avec un grand espace vert bordé d'arbres au calme de la circulation. Je fais sécher les équipements et prends le temps d'écrire le périple. Passé cela, je monte le camp et pars à la recherche d'un robinet : j'aimerai au moins me rincer de la sueur des montées. Après deux tours du propriétaire je n'en trouve pas : mince. Je suis résolu à me doucher dans le cimetière (il y a toujours un robinet d'eau) quand j'aperçois un toilette publique ouvert. J'étais passé trois fois devant sans le voir ! Comme quoi des fois, rien ne sert d'aller vite ; Il faut mieux observer attentivement autour de soi. Après cette petite morale, je prends ma douche au robinet et me savonne : ça fait du bien. Je reviens ensuite à mon campement pour cuisiner un bon repas. Le riz à la sauce napolitaine fait le bonheur de mon estomac et je termine la soirée par mon très important rituel.

Demain, j'essaierai d'atteindre la ville de Lanloup, en faisant une grande avancée vers l'Est. :)