"Qu'est ce qui est pire que les montées de la piste bretonne ? Les montées de la piste bretonne avec vent de face"


Ce matin, je me réveille à 6h30. J'ai bien dormi sauf que j'ai eu trop chaud. Les températures ne sont pas descendues en-dessous de 15°C cette nuit : mon duvet qui peut tenir du -5°C est légèrement hors catégorie. La tente et la bâche ne sont donc pas mouillées et je n'aurai pas à les faire sécher ce soir. Je sors et constate que le vent souffle déjà fort : la journée s'annonce compliquée si je l'ai de face. Je ne bois pas mon chocolat chaud mais un petit café. J'ai pas mal de sachets en stocks que je veux liquider avant de me réapprovisionner en flocons d'avoine. La boisson est quand même bonne et je replie tranquillement mes affaires. Ma lampe frontale m'est d'une aide cruciale dans cet exercice matinal : le jour ne se lève plus qu'à 7h50 et ça ne va pas aller en s'améliorant. Je charge tout sur le vélo et suis prêt à partir à 8h20.

Juste avant de monter en selle je discute avec un gentil breton qui promène ses deux chiens. Ils sont très grands et ressemblent à des braques allemands. Nous échangeons un moment puis je m'en vais vers de nouveaux horizons. Je redescends le village et arrive au bord de mer pour continuer la piste. D'entrée, je remarque qu'il n'y a pas que moi qui ai bu un café ce matin : le vent, lui aussi, est très bien réveillé. Au vu de sa force, ça devait au moins être un triple expresso. Il souffle plein Est, pile-poil à l'opposé de la direction dans laquelle j'avance. Espérons que ses effets stimulants se dissipent rapidement. En guise de réveille musculaire, j'ai le plaisir de parcourir une bonne côte entre 5 et 7 % jusqu'au village de Louannec. La piste longe la départementale et le bruit des voitures m'agace déjà. Je termine la montée et arrive au milieu du bourg. Sans transition, je continue sur des routes plus désertes : enfin du calme. Je mouline convenablement ce matin mais n'avance pas très vite à cause de l'énorme vent de face. C'est ensuite au tour du revêtement de la piste de me faire défaut et je dois pédaler sur celui que j'apprécie le moins : du goudron bosselé qui a mal vieilli. Quel enfer ! En plus de me faire mal aux fesses, les nombreuses secousses m'empêchent d'avancer correctement. Je quitte enfin cette portion pour chérir le plat d'une superbe route passant au milieu des maisons de campagne.

Au niveau du village de Penvénan un panneau d'indication manque à l'appel. Après une courte réflexion je déduis le bon sens et retombe sur la piste. Cette dernière m'emmène dans un chemin de forêt assez impressionnant : il y a de la végétation de tous les côtés et le sol est jonché de feuilles mortes, de cailloux, de châtaignes et de boue. Difficilement, je traverse cette partie et file tout droit en direction de Tréguier. Juste avant le village, je franchis la jolie passerelle St François et fais quelques photos. Je monte une dernière fois puis arrive sur la grande place de l'église. La présence d'un bar et d'une boulangerie enclenche mon combo préféré de la matinée après ces 26 km de Vélomaritime : je mange un pain chocolat et bois mon petit café. Je prends un bon repos et écris les aventures pendant que les cloches retentissent. Je repars à 12h45 et descends jusqu'à la mer. Elle est basse et elle laisse les bateaux allongés sur le sable. Dix minutes après mon départ la grosse difficulté du jour survient : je dois gravir une côte à plus de 20 %. Évidemment, je pousse mon vélo de toutes mes forces et arrive au sommet bien essoufflé. Encore une fois, quelle montée ! La suite du parcours est heureusement moins coriace.

Tout d'abord, la piste m'emmène dans des chemins de campagne où j'ai le vent de face. J'avance vraiment au ralenti le long des grands champs de cultures. Le goudron fait à nouveau des siennes en étant tout bosselé : décidemment, cette étape n'est pas de tout repos. J'atteins finalement le village de Lézardrieux après avoir estimé la direction de la piste et traverse un pont. Je roule ensuite jusqu'à Paimpol sans trop de difficultés et parcours même de légères descentes. Elles me permettent de souffler un peu et de reprendre quelques forces pour la suite. Encore une fois, je me perds à l'abbaye de Beauport excessivement mal indiquée. Ça commence doucement mais sûrement à m'agacer de devoir sans arrêt sortir mon GPS pour retrouver ma route. Je continue et dois, une millième fois aujourd'hui, franchir une nouvelle montagne. Pendant 15 bonnes minutes je mouline dans une côte à étages entre 5 et 15 %. Heureusement pour moi mes jambes ne bloquent pas et j'atteins le sommet. Je suis soulagé d'avoir passé cette nouvelle difficulté. Pas besoin des Alpes ou des Pyrénées pour faire du dénivelé : la côte bretonne est amplement suffisante.

Toujours avec mon super copain le vent de face, j'avance plein Est vers les falaises de Plouha. Elles sont magnifiques et surplombent la mer de manière spectaculaire. Je prends plusieurs clichés et replonge la tête dans la piste en véritable montagnes russes. Je ne suis plus très loin de ma destination du jour et rêve déjà d'un bel emplacement pour la nuit. À 16h je touche au but et arrive au petit village de Lanloup. Après ces 67 km en montée contre le vent, je prends la décision de passer la nuit au camping. Cela me permettra de couper ma semaine de vélo en deux en prenant un bon repos. Je monte le camp puis vais me doucher. Je me pose ensuite un moment pour écrire le récit des aventures. Le soir, un mélange de semoule et de quinoa vient faire le bonheur de mon estomac. Je m'endors vite après cette grosse journée de vélo.

Demain, je roulerai en direction de St Brieuc et espère trouver un coin sympa pour camper au bord de mer :)