"Après celui de Bretagne, il revient gonflé à bloc dans le Calvados. Ça y est, je crois que j'ai ma dose de vent pour l'année"


Ce matin je me réveille exceptionnellement à 5h00. Après le coup de flippe de la veille je n'ai qu'une seule idée en tête : déguerpir au plus vite et quitter cette ville maudite. J'ai été pris de court par ces événements inattendus et n'ai pas pu publier l'article d'hier ni faire mon rituel. C'est donc pour une fois de très bonne heure que je m'y attelle. Je petit-déjeune dans la foulée puis replie les affaires. Le vent, déjà surpuissant, ne me rend pas la tâche facile. Ce dernier a soufflé toute la nuit et l'étape du jour s'annonce mouvementée. Je me sens quand même d'attaque physiquement et charge le vélo avant de décoller à 8h00. Il me reste un dernier objectif avant de quitter définitivement la ville : remplir mes gourdes. C'est au bout du troisième toilette publique que je trouve un robinet d'eau qui fonctionne : décidemment, rien ne va à Ouistreham. J'en sors enfin à 8h20 et suis soulagé.

J'ai eu chaud hier et je ferai dorénavant plus attention lorsque je serai proche de la mer pour camper. La fatigue cumulée pendant la semaine m'a fait commettre une petite erreur qui a failli être lourde de conséquence. Bref. Tout ça est maintenant derrière moi et j'avance pour passer à autre chose. Je longe les bords du canal de Caen à la mer avant de rouler sur la rive d'en face remontant à Cabourg. Ma bataille contre le vent débute et il n'est même pas 9h00. J'ai vraiment de la peine à garder le vélo sur la piste et j'use beaucoup de forces pour le stabiliser. Les rafales sont extrêmement puissantes et elles produisent un sifflement constant. C'en est même effrayant par moment mais je tiens bon et continue mon chemin. Une fois arrivé au bord de la mer déchainée, le vent se trouve un nouvel allié pour m'infliger des dégâts. Il fait tourbillonner le sable dans tous les sens qui me fouette le visage. Heureusement, je ne reste pas longtemps près de l'eau et repasse derrière les habitations. Hormis cet indomptable élément, j'apprécie ce début de journée car l'itinéraire est fléché. Si seulement il l'était depuis Carentan, je n'aurai pas eu à me donner tout ce mal pour garder mes batteries chargées. Peu importe. Je bénis ces panneaux d'indication qui m'amènent jusqu'à Houlgate.

La piste passe de nouveau au bord de la Manche et est submergée, non pas par l'eau, mais par le sable : encore un mauvais coup de mon ennemi du jour. Je peine alors à pousser mes kilos et au bout du troisième et dernier passage enseveli, je suis à bout de force. Je continue quelques mètres plus loin et m'arrête dans un parc pour me reposer. L'étape d'aujourd'hui est encore musclée avec des conditions météorologiques particulièrement éprouvantes : ciel gris, légère pluie et vent affolant. J'écris un moment les aventures avant de manger mes sandwichs. Il fait froid ce qui m'oblige à marcher pour me réchauffer les jambes. Demain pour sur, le cuissard long sera de sortie. Je repars vers 12h impatient de mouliner sur le vélo pour remonter en température. Il ne me reste plus tant de route que ça et je pourrai me reposer convenablement en arrivant. La piste se poursuit en côte à 8 %. Je ne pensais pas dire ça un jour mais je suis content de grimper car je n'ai plus froid. Plusieurs portions au-dessus de 10 % me forcent à pousser le vélo. Cette aprèm je suis sur mes gardes car outre le vent, je dois sans cesse me méfier des automobilistes : dépassements limites sans clignotants, non respect des lignes blanches, vitesse excessive... il n'y a rien a rien de bon. On a l'habitude de dire qu'ils ne savent pas rouler dans le Sud mais ce n'est pas mieux au Nord. Je continue ma route en descendant à Villers sur Mer.

Je passe rapidement au milieu des maisons et file jusqu'au dernier tronçon de la journée. Ce dernier se compose d'une boucle au-dessus de Blonville sur Mer où je suis censé avoir un beau point de vue sur la Manche. Ce n'est manifestement pas le bon jour car avec toute cette grisaille je ne vois strictement rien. En revanche, je repère bien les immenses propriétés privées avec voiture de luxe devant lesquelles je passe. Passé la montée, je me lance dans une dernière descente et atteins Tourgéville. J'ai pris des risques hier soir pour camper et ne veux pas revivre deux fois la même expérience. Sagement, je vais au camping 200 mètres plus loin et monte le camp sereinement. À mon plus grand désarrois la douche n'est pas assez chaude et elle ne suffit pas à me réchauffer. Je la prends donc en quatrième vitesse : je suis un peu dégoûté. Je me cuisine quand même un super repas à base de thon, tomate, semoule, fromage et fruit. Le vent et le froid ont puisé mes ressources donc j'ai super faim. Une fois rassasié, je fais mon rituel au sanitaire et me prépare pour une bonne nuit de sommeil.

Demain, je devrai traverser le grand pont de Normandie avant d'atteindre le Havre pour entamer un bon repos :)