"Quoi ? Bingo est en train d'évoluer [...] Félicitations ! Bingo a évolué en Bingo des bois !"


Ce matin je me lève à 7h15. J'ai mis du temps à m'endormir à cause des températures un peu plus chaudes que les jours précédents. Je replie le campement et décolle à 8h30 de Lège Cap Ferret. Je débute la matinée par de quoi me mettre efficacement en jambe : 20 bornes dans l'immense forêt domaniale de Porge.

Je commence à avoir l'habitude de rouler au milieu des pins et m'y sens presque chez moi. À peine rentré dans la forêt, je retrouve le calme de la nature, composé uniquement du bruit des oiseaux et de craquellements d'écorces. Au début, la piste n'est pas terrible car les racines l'envahissent. Cependant, elle s'améliore petit à petit et me permet d'apprécier mon trajet. La lumière matinale passe à travers les nombreux arbres et enchante les alentours. Au bout de 30 minutes je m'arrête afin de vérifier si je suis toujours sur la bonne route : mes repères visuels sont complètement brouillés au milieu de toute cette végétation... tout est bon ! Je repars et atteins Porge Océan à 9h30. Je continue ensuite en direction de Lacanau Océan en entamant une nouvelle forêt. Celle-ci est moins agréable que la première à cause du piteux état de la voie : le goudron, en totale décomposition, est couvert de cailloux et de trous. De plus, ses multiples bosses en finissent avec mon plaisir de conduite. Je croise très peu de vélo et arrive finalement à Lacanau Océan à 10h30 après avoir remis en place mes sacoches à plusieurs reprises. Directement, je me pose en terrasse au bord de l'océan. Ce dernier regorge de grosses vagues que les nombreux surfeurs essayent de dompter. Moi, je bois calmement mon café et réserve un hébergement pour Royan. Les prix, d'un montant déraisonnable, me font presque recracher ma boisson chaude. Malgré tout, je retiens quand même une chambre pour 2 nuits afin de m'octroyer un vrai repos. Une fois le mois d'août passé, ces derniers devraient largement chuter pour le plus grand plaisir de mon portefeuille.

Je mange ensuite devant l'océan avec pour fond sonore celui des vagues. Le soleil tape fort et je change vite d'endroit pour me mettre à l'ombre. J'écris un peu et discute avec une sympathique dame photographiant sa fille en surf. Elle m'explique qu'elle a vécu longtemps aux Antilles, lieu idéal pour cette activité aquatique. Elle me dit aussi que sa fille n'est pas dans sa meilleure forme aujourd'hui. Après un bon étirement, je repars vers 13h et remonte le village de Lacanau. Quelques km plus loin, je tourne plein Nord et attaque, encore, une nouvelle forêt. Cette fois, il s'agit certainement de l'unes des plus techniques avec celle de Biscarosse. Il y a beaucoup trop de montées pour les kilos que je transporte et mes jambes commencent à tirer. Je mouline à fond pour ne pas peiner. J'ai vraiment l'impression d'être sur une étape de montagne du Tour de France. En revanche, je ne vois ni le publique, ni les autres coureurs. Peut-être pourrai-je avoir droit au maillot à pois une fois le dernier pin franchi ? Bien évidemment, je précise que le chemin est couvert de bosses créées par les racines des arbres. Après 15 fatigants km, j'arrive à la bifurque pour Hourtin Plage. Je m'esclaffe alors : la piste, si on peut lui donner ce nom, est complètement en ruine. Devant moi se trouve un bout de quelque chose en flottement au milieu des pins. Heureusement, seuls les 2 premiers km sont dans cet état et je déboule enfin sur la voie indiquée par mon guide. Je parcours donc une large route goudronnée où je ne ressens plus aucunes vibrations : quel plaisir ! J'ai un fort vent de face mais je roule quand même autour de 26 km/h. Passé 20 minutes, le temps commence à se faire long et je rattrape un couple de cyclistes. Je discute avec eux pendant toute la fin de l'étape.

Ce sont 2 jeunes, vivants dans les Alpes de Haute Provence, partis de Bayonne. Ils montent en Bretagne avec l'objectif d'atteindre l'île de Ré. Nous parlons beaucoup des déboires de la piste et de l'endroit où nous vivons. Je les quitte une fois arrivé à Hourtin Plage. Le temps passe si vite en discutant avec d'autres cyclistes ! Lorsque l'Atlantique se dresse enfin devant moi, je stoppe le compteur : 71 km, j'ai très bien roulé aujourd'hui. J'aimerai aller me baigner mais n'ai nulle part où stationner mon poids lourd en sécurité. Je demande alors à des habitants du village qui acceptent gentiment de le garder dans leur jardin. Quelques instants plus tard me voilà au beau milieu des vagues ! Il s'agit là de quelque chose que je n'avais vécu depuis au moins une dizaine d'années. Je m'amuse à prendre des rouleaux dans la figure qui me projettent plusieurs mètres en arrière. Le courant a une force incroyable ! Je vais ensuite me rincer à l'eau douce et me sèche sur le bord de la plage. L'objectif baignade est rempli et il ne me reste plus qu'à trouver un coin sympa pour la nuit. Cette fois, quelques minutes suffisent pour dénicher un emplacement au calme à l'écart de tout vis-à-vis. Je monte le camp et mange une bonne assiette de semoule à la tomate. J'écris un moment sur mon carnet puis un cyclo arrive pour camper. Je lui indique, juste à côté, un autre emplacement et nous discutons un moment. Grégoire, vivant en banlieue parisienne, est un habitué des voyages à vélo. Parti de Roscoff, il descend la Vélodyssée jusqu'à Hendaye. Il roule à un bon rythme avec en moyenne 100 km par jour : je suis épaté.

Pendant qu'il mange, un groupe de jeune qui dînaient sur une table derrière nous interpellent : ils ont des pâtes au pesto en trop. Je refuse dans un premier temps puis craque : j'aime trop le pesto. En plus, ils allaient les jeter. Je finis donc la casserole et les remercie pour ce deuxième repas. Je souhaite ensuite bonne nuit à Grégoire et vais me coucher. Ce fut une bien bonne journée.

Demain, j'atteindrai Royan et pourrai visiter cette ville balnéaire au bord de l'Atlantique.