"Ni une ni deux, je poursuis ma descente de l'Alsace à toute allure"


Ce matin je suis debout tôt à 6h15. Une fois de plus, j'ai passé une super nuit en récupérant correctement de l'étape d'hier. Je sors me laver le visage et l'air frais de la zone m'oblige à vite revenir au chaud dans ma tente. Sans plus attendre, je prépare le petit-déjeuner et suis étonné de la clarté du jour. Sans vraiment réfléchir je pense que ma grande avancée à l'Est est la cause de tout cela. Je mange mes flocons, bois ma boisson et suis de nouveau enchanté par les couleurs du lever de soleil. Une fois plein d'énergie, Nujabes m'accompagne pour replier le campement et je termine à 7h45. J'effectue mon échauffement-étirement puis allume le compteur. Ce dernier affiche 9h00 et je ne comprends pas. Je le redémarre mais l'heure ne change pas... Cling ! Mon esprit se reconnecte et je réalise qu'on a changé d'heure ! C'est donc pour ça qu'il faisait jour plus tôt. Tout s'explique et je règle correctement l'heure du compteur avant de m'en aller pour la suite des aventures sur l'EV5.

Je continue ma route le long du canal recouvert d'un épais brouillard qui me glace les doigts et les oreilles. J'adopte directement une cadence de pédalage soutenue afin de me réchauffer. Le premier objectif de la matinée est de trouver une poubelle dans le but de jeter mes déchets de la soirée. Le revêtement de la piste est idéal mais ses aménagements laissent à désirer puisqu'il me faut parcourir 8 km pour la débusquer. J'assiste ensuite au calme réveil de la campagne alsacienne dans laquelle les arbres revêtent de belles couleurs et les oiseaux volent au ras de l'eau. Après les multiples dénivelés suivis au fil du voyage, cette partie d'EV5, plate et convenablement fléchée, est un véritable jeu d'enfant. Une fois les cuisses bien chauffées je monte en rapport et avance au-delà de 25 km/h pendant plusieurs dizaines de minutes. En revanche, je ne dépasse par les 30 km/h à cause du vent que j'ai en pleine face. Comme d'habitude je me couche sur ma machine et fonds sur Strasbourg. Plus je m'en rapproche et plus je croise de promeneurs, coureurs et cyclistes en balade le long des eaux du canal. Vers 10h, j'atteins les abords de la ville et baisse de régime sur une piste entrecoupée de petites transitions détériorées. Je quitte le canal de la Marne au Rhin pour celui du Rhône au Rhin puis tourne plein Nord en direction des hauts-lieux du centre-ville de Strasbourg.

J'arrive par la charmante place Gutenberg et continue jusqu'à celle de l'imposante cathédrale. D'entrée, je trouve l'édifice somptueux par sa taille démesurée et ses nombreux détails architecturaux. Je prends quelques photos, roule jusqu'à la place Kléber et entame l'instant réconfort de la matinée devant un très beau café viennois et plusieurs pâtisseries. Le soleil haut dans le ciel réchauffe les lieux et m'invite à prendre place en terrasse. J'écris les aventures et relis l'article d'hier avant de manger mes sandwichs. Je repars à 12h15 en redescendant sur le canal. Sans transition, j'en ajoute un nouveau à ma collection en atteignant celui de la Bruche. La sortie de Strasbourg est bien indiquée mais je reste sur mes gardes et m'aide quelquefois du tracé gpx. Il m'est d'ailleurs d'une précieuse aide quelques minutes plus tard lorsqu'une partie de la rive est bouchée pour cause de travaux. En deux temps trois mouvements je crée ma propre bifurque et reviens illico sur le cours d'eau. Je m'enfonce ensuite dans un environnement boisé tout en végétation. Cette aprèm encore, il y a beaucoup de vélos sur la piste qui profitent des conditions climatiques du jour. Le vent de face est également de retour et je suis forcé de constamment mouliner pour avancer. Petit à petit les écluses défilent et le kilométrage des panneaux indiquant "Molsheim" diminue. Certains passages remplis de feuilles d'un intense jaune sont sublimes mais je ne prends pas le temps de m'arrêter pour une raison bien précise : après réflexion, le changement d'horaire me fait perdre une heure de jour et m'oblige à trouver rapidement un emplacement pour la nuit.

À bonne allure j'atteins Molsheim à 14h, passe furtivement dans son joli centre puis continue sur Obernai. J'arpente le secteur à fleur de collines et suis émerveillé par les multiples couleurs de l'automne enchantant les lieux. J'ai l'impression qu'elles sont tout droit sorties d'un décor de cinéma, et cette fois, je marque un temps d'arrêt pour capturer le paysage. J'enchaîne par quelques vallons pas bien méchant dans lesquels mes cuisses répondent du tac au tac puis débarque dans Obernai à 14h40. Je grimpe immédiatement au sommet du village en direction d'un coin pour camper. Au passage, j'obtiens une large vue sur la vallée très prisée des touristes. J'arrive à l'emplacement et suis déçu de trouver un nombre considérable de riverains et voitures : impossible de passer une nuit au calme. Je reviens donc sur mes pas et file dans le grand parc repéré en passant, situé un peu à l'écart de tous vis-à-vis. Je fais tout de suite sécher ma tente puis monte le camp. Ensuite, je profite du jour qu'il reste pour faire mon rituel, particulièrement appréciable après les 83 km de l'étape. J'écris les aventures sur le carnet et cuisine un repas nocturne à base d'appétissantes penne au pesto rouge. Je me lave les dents puis finis la soirée dans la tente. Il pleut légèrement et j'espère que ça ne durera pas. Le sommeil s'annonce dors et déjà réparateur.

Demain, je roulerai jusqu'à Colmar pour enfin profiter d'un shower. Je resterai en ville le lendemain pour retrouver de vieilles connaissances :)