"Tout comme l'été, l'automne a aussi de fantastiques charmes à faire valoir"


Ce matin c'est lever tôt pour Bingo. Je sors à 6h15 du duvet après une longue nuit de plus de 8h de sommeil. Il a légèrement plu hier soir mais le vent a soufflé toutes les gouttes d'eau. C'est plein d'entrain que je vais faire ma petite toilette au sanitaire équipé d'un lavabo et d'une glace. Je reviens ensuite dans la tente et prépare le petit-déjeuner en mélangeant mon restant de lait en poudre avec un cappuccino chocolaté acheté en Allemagne : j'ai hâte de tester le résultat. J'ajoute mes supers flocons d'avoine et trouve que la mixture à bon gout. C'est l'heure du rangement que j'attaque en musique. Les unes après les autres, je replie les affaires, file remplir mes gourdes et assiste à un remarquable lever de soleil nuancé d'intenses coloris. Je photographie ce beau paysage, m'échauffe et monte en selle pour la nouvelle journée.

Sans transition, je reprends la piste le long du canal et progresse dans un environnement automnal agréable. Les couleurs des multiples arbres bordant les eaux, en dégradé de jaune, orange, vert et marron, sont incroyables. C'est avec joie que je ralentis la cadence pour apprécier davantage les lieux. Dans la foulée, je suis mouillé par une fine averse qui a au moins le mérite de laver mon vélo. J'avance plein Sud et le puissant vent de face m'oblige à produire un effort intense. Ça ira mieux quand je tournerai à l'Est toute à l'heure. En attendant, je tiens un bon rythme de pédalage aux alentours des 21 km/h et me couche plus amplement sur ma monture. Ce matin il y a du monde sur la piste ! Pour une fois, je ne parle pas des promeneurs et cyclos, mais des feuilles, branches et noisettes qui remplissent le chemin à certains endroits. Je passe prudemment et continue ma route à travers les nombreux étangs du secteur. Je croise beaucoup de pêcheurs auxquels je fais un signe amical et aussi quelques bateaux profitant de l'arrière-saison pour naviguer au calme des eaux. Juste avant de tourner à l'Est je dois changer de rive. Une passerelle est à disposition mais sa rampe en métal est glissante et trop dangereuse pour les vélos chargés. Cette dernière m'oblige donc à effectuer toute une série de manipulations afin passer de l'autre côté sans encombres. Bref.

Je poursuis ma route avec enfin le vent de dos et change de canal en longeant celui de la Marne au Rhin. Au niveau de Hertzing je quitte le chemin de halage avant de le retrouver à Xouaxange. Drôle de nom pour ce village que je traverse rapidement. J'approche les 40 km avec déjà une bonne matinée de vélo dans les jambes et souhaite trouver un petit café pour me restaurer. Par chance je suis exaucé quelques minutes plus tard à Niderviller, où je m'installe au chaud dans une boulangerie-salon de thé. C'est parti pour ma combo préférée que vous connaissez bien : café + viennoiserie. J'apprécie mon encas et écris tranquillement les aventures. Je regarde aussi les showers que j'ai contacté la veille. Seulement la moitié d'entre eux m'ont répondu, tous négativement. Au vu de ce qu'ils m'expliquent, j'ai maintenant affaire à un nouveau type de refus : pas d'hébergement à cause du virus. Je cautionne leur décision à condition qu'ils enlèvent leur disponibilité sur le site. Ça m'agace légèrement mais je passe vite à autre chose et mange calmement mes sandwichs. Je repars à 12h15 pour la suite de la journée. Je sors directement de Niderviller par des petites routes de campagnes joliment boisées. Les couleurs de l'automne sont là aussi resplendissantes, et ce n'est que le début... Passé Arzviller je repique sur le canal et plonge et plein cœur de la forêt.

La piste, en légère pente bien goudronnée, est bordée de tellement d'arbres aux teintes sensationnelles que j'ai l'impression d'avancer au milieu d'une peinture d'un célèbre artiste. Dans ce décor splendide, je roule à un super rythme au-dessus de 28 km/h. Après la matinée compliquée contre le vent, je prends mon pied et fuse à travers la forêt. Je passe Lutzelbourg et continue sans transition direction Saverne. La piste se rétréci légèrement mais il y a toujours de la place pour mon vélo et ses kilos. J'arrive à 13h30 en ville et fais un point sur la situation. Le dernier shower ne m'a pas encore répondu et n'est pas joignable par téléphone. C'est décidé, je camperai sauvage cette nuit. Je repère un coin sympa sur l'application situé à Dettwiller et m'y rends aussitôt. Je quitte Saverne et boucle les 10 km restant en à peine 30 minutes. Je tombe alors sur l'emplacement et me stoppe là pour aujourd'hui en bouclant une bonne étape de 76 km. J'installe tranquillement le campement puis écris les aventures sur le carnet. Je publie ensuite l'article de la veille et envoie de nouveaux messages pour les hébergements potentiels à venir. J'espère que cette fois j'aurai des réponses positives. Je ritualise avant de manger un délicieux repas. Je finis calmement la soirée dans ma tente en ayant mon papa au téléphone et en prévoyant la suite du périple. Ce fut de nouveau une bonne journée de vélo. Maintenant, place au dodo si important.

Demain, je prévois d'arriver le matin à Strasbourg puis de continuer ma route à l'Ouest en direction de Molsheim :)