"Unique en son genre, la superbe dune du Pilat s'étend sur 2.7 km de long et 500 mètres large. Un amas de 60 millions de mètres cubes de sable, culminant à 109 mètres d'altitude, en font la plus haute d'Europe"


Ce matin, je me réveille tôt à 6h45. Je ne dors plus et tourne en rond dans mon duvet depuis un moment. Je sors manger un petit encas et trouve l'air très frais : j'ai les doigts gelés. Je rentre vite au chaud dans ma tente pour m'habiller et ranger mes sacoches. À ce rythme là, le cuissard long et les sous-vêtements de vélo ne vont pas tarder à me servir.

Lorsque je pars à 8h00 mon intuition se confirme et l'air me frigorifie malgré la veste et les gants longs que je porte. Heureusement, plus je m'éloigne de l'étang et plus l'atmosphère se réchauffe. Au bout de 7 km, j'atteins Parentis en Born en roulant doucement pour chauffer les cuisses. Le ciel est déjà dégagé et laisse entrevoir une belle journée. Sans transition, je pique à l'Ouest en direction de Biscarosse via une très longue ligne droite dans laquelle j'enclenche le second plateau. Il n'y a pratiquement pas de vent et les conditions sont idéales. Je roule entre 27 et 30 km/h et arrive rapidement dans ce charmant village. Je passe d'abord au milieu des lotissements avant de longer le canal du littoral des Landes. Ce dernier me rappelle ma traversée du Sud-Ouest via celui des 2 Mers. Pour mon plus grand plaisir la piste n'est pas aussi désastreuse mais les quelques racines souterraines qui bombent le goudron, quasiment indétectables, sont assez embêtantes. J'arrive ensuite au bord du gigantesque étang de Cazaux Sanguinet où de nombreux bateaux sont à l'eau. Biscarosse Plage n'est maintenant plus très loin mais je dois encore franchir un obstacle des plus coriace : la forêt de Biscarosse.

Non sans mal, il me faut 30 minutes pour en venir à bout. La piste sinueuse sillonne les pins en enchaînant constamment les montées-descentes entre 5 et 10 % : je suis extrêmement vigilant. Certaines côtes sont si durs que je mets pied-à-terre. Pour finir, le chemin pourtant bien goudronné est parsemé d'innombrables racines souterraines créant des bosses à tout-va. C'est véritablement l'obstacle de la journée. Finalement, j'aperçois au loin un halo de lumière m'indiquant la sortie. Après cette éprouvante traversée je me pose en terrasse à Biscarosse Plage avec un café. Le plus dur est fait. Maintenant, l'objectif est d'atteindre tranquillement la dune du Pilat en-dessous de laquelle je prendrai un camping. Je pourrai ainsi profiter pleinement de ce site naturel incroyable. Je repars en roulant sur une grande route de forêt en légère pente. La piste est capricieuse au début puis se change en un vrai billard. Je me fais plaisir et enclenche les grandes vitesses en filant à travers les arbres. Le vent de face m'épuise petit à petit et je ralentis aux abords de la plage de la Lagune, juste avant d'entamer les montagnes russes de la dune.

Sous un soleil de plomb, j'affronte les dénivelés et me cramponne au vélo en pensant à l'arrivée. J'enchaîne bien 3 grosses montés-descentes qui font largement augmenter mon rythme cardiaque. Le supplice prend fin quand j'atteins enfin le panneau d'accueil du camping. Je choisis directement un emplacement un peu à l'écart du passage et bien ombragé. Je suis content d'avoir bouclé les 54 km en un très bon temps, sur une étape particulièrement physique. Place maintenant au repos et à la revisite de ce remarquable site. Je prends mon temps pour manger et faire sécher mes équipements mouillés par la rosée du matin. Une fois secs je monte le camp, vais laver mes quelques vêtements sales, prends une bonne douche puis me pose sur une table pour étudier la "pose longue" en photo. Je dîne à 19h une excellente pizza au chèvre-miel et file sur la dune équipé du trépied et de l'appareil photo. Mon objectif est d'attendre le coucher du soleil afin de réaliser une pose longue sur les potentiels nuages du ciel. Me voilà en haut de la dune et la quantité colossale de sable m'impressionne toujours autant. Je me prépare, place mes équipements et attends bien 15 minutes après le coucher du soleil que la luminosité baisse. Je réalise de nombreux clichés, à intervalles réguliers, jusqu'à des temps de pose aux alentours des 15 secondes.

Malheureusement, ça ne donne rien d'incroyable car les quelques nuages ne se déplacent pas assez vite : tant pis pour moi. J'aurai quand même assisté à une fin de journée incroyable du haut de ce perchoir. Je redescends quand il n'y a pratiquement plus de lumière et vais me coucher.

Demain, je dépasserai Arcachon et roulerai autour de son grand bassin.