C'est maintenant l'heure du bilan portant sur l'EuroVélo 5. Je vous laisse découvrir ci-dessous mes impressions concernant la sixième grande voie vélo de mon Tour de France :


- Distance : 1155 km


- Durée : 21 jours dont 4 de repos


- Durée de pédalage : 63h et 13min


- Vitesse moyenne : 18,2 km/h


- État de la piste : De manière globale, la piste de l'EV5 s'est révélée être en bon état. L'itinéraire, encore provisoire la majeure partie du temps, compte peu de voies en site propre. On roule donc souvent sur des routes goudronnées bien entretenues. Cependant, j'ai rencontré à plusieurs reprises des chemins présentant des difficultés. Je peux tout d'abord citer celui le long du canal de l'Aa en direction de St Omer : la piste est dans un état assez lamentable et c'est un véritable exploit de l'emprunter par temps de pluie. J'ai dû ensuite improviser ma route jusqu'à Bauvin, faute de balisage pertinent, en suivant les bords du canal d'Aire. Il s'agit là des berges les plus "coupantes" du voyage : les nombreux passages sous les ponts sont jonchés de minuscules bouts de verre. Avec mes pneus fatigués des km, l'inévitable est arrivé et j'ai crevé au bout de seulement 10 km. Il a donc fallu que je répare et que je sois très prudent pour ne pas crever de nouveau. Lorsqu'on entre en Belgique l'itinéraire s'améliore et on retrouve une belle voie goudronnée en site propre. Passé la capitale, seules quelques routes en pavés nous font vibrer mais elles ne sont pas très longues. Les caprices de la piste se calment avant de reprendre à l'entrée du Luxembourg : on roule en forêt sur un chemin assez technique parsemé de terre, cailloux et racines. C'est mieux lorsqu'on passe la frontière et la totalité de l'itinéraire au Luxembourg est bien aménagé. Je ne note pas de soucis particuliers pour la courte partie allemande jusqu'à Saarbrücken. Enfin, la descente de la Moselle et de l'Alsace s'effectue admirablement bien le long des chemins de halage et des petites routes sillonnant les vignes.


- Indication de la piste : Voici un point sur lequel je peux difficilement débattre. Je m'étais bien renseigné avant de partir et avais conclu que l'EV5 était encore peu balisée à certains endroits. Je m'attendais donc à galérer en la suivant dans le Nord de la France et en Belgique. Avec du recul, je peux affirmer que le tracé gpx m'a été d'une aide indispensable pour ne pas me perdre. Globalement, les indications de la piste sont présentes de manière sommaire dans ces régions. Entre Calais et Lille le balisage est très brouillon et on retrouve quelques panneaux de temps à autre. La piste est encore en cours d'aménagement notamment le long du canal de Neufossé. C'est ensuite mieux sur celui de la Deûle puis de Roubaix, où l'on suit de beaux panneaux EV5. Ces derniers continuent en Wallonie jusqu'à Grammont. Arrivé en Flandre le fléchage disparaît jusqu'à Bruxelles. Il faut donc avoir recours à sa carte ou son tracé pour avancer dans la bonne direction. Le retour sur la piste wallonne se fait sans détour et il faut passer Namur pour retrouver un balisage pertinent. La suite et fin du parcours, que ce soit au Luxembourg, le long de la Sarre en Allemagne ou au milieu des vignes en Alsace, est bien indiquée. On prend plaisir à redescendre vers le Sud en traversant les frontières des différents pays.


- Paysage : Fini la côte, la mer et les falaises ! Place aux vallons, forêts et cours d'eau sur cette voie EuroVélo 5. Après presque 2 mois à longer le bleu de l'Atlantique et de la Manche, je dois admettre que j'ai été content de retourner dans les terres et ce pour plusieurs raisons : terminé les vents violents de la côte ; plus de facilité pour camper sauvage ; début du chemin retour de ce grand périple. En parcourant la via Romea Francigena, pour la nommer entièrement, on enchaîne donc les paisibles cours d'eau, les vastes plaines vertes, les nombreux vallons, les forêts denses et les très belles vignes. D'ailleurs, en empruntant la route des vins alsaciens à l'automne, j'ai achevé mon voyage de la plus admirable des manières : quelle incroyable immersion que celle de plonger au cœur du paradis jaune des vignes dorées. Grâce à cette magnifique fin, je place l'EV5 en terme de paysage au même niveau que l'EV1 ou l'EV4. À tous les amoureux de nature et de belles couleurs, je recommande de traverser la Lorraine et l'Alsace en cette période de l'année.


- Remarques : Il en fallait bien une : c'est la voie vélo sur laquelle j'aurai connu le plus d'ennuis techniques. Les fautifs : mon maudit fond de jante et sa trop faible largeur pour recouvrir convenablement mes têtes de rayons ; mes pneus qui après plus de 4000 bornes ont commencé à montrer des signes de faiblesse. J'ai d'abord essuyé 3 crevaisons entre Calais et Bruxelles causées par des petits bouts de verre tranchants. Arrivé à la capitale, je me suis équipé de renforts anti-crevaison. Ces derniers n'ont pas été suffisants car j'ai de nouveau crevé 4 fois entre Bruxelles et Saarbrücken, en ayant changé les 2 pneus à Wavreille. J'ai donc fait remplacer mon fond de jante arrière à Saarbrücken chez un cycle. Pour finir, j'ai crevé une dernière fois près de Colmar et j'ai là aussi fait changer mon fond jante, avant cette fois. Cette EV5 aura donc été l'étape de tous les dangers. Gérer les crevaisons et le voyage n'aura pas été chose simple et mes capacités d'anticipation et d'adaptation auront été mises à rude épreuve. J'aurai fait preuve de courage et de détermination pour venir à bout du parcours. Le meilleur pour la fin : l'annonce du confinement surprise m'aura obligé une dernière fois à changer mes plans en cours de route. Petit constat rigolo pour terminer : l'étape "La traversée du Luxembourg" détient le record de 3 frontières différentes franchies dans la même journée.


- Ressenti global : Malgré les crevaisons à répétition et les petites baisses de morale dues à la fatigue du voyage, je suis super content d'avoir pu rouler cette EV5. L'enchaînement des pays, dans l'ordre "France-Belgique-Luxembourg-Allemagne-France", reste assez inédit au cours de mon épopée. J'en garderai un très bon souvenir, notamment grâce aux nombreuses rencontres que j'ai pu faire. Les Warmshowers dans le Nord de la France et en Belgique ont été incroyables. J'ai également été très heureux de m'arrêter chez mon ami Patrick à Wavreille, rencontré plus tôt à Rochefort sur la Vélodyssée. J'aurai tenu un excellent rythme de pédalage avec une moyenne de 18,2 km/h.